FROZEN RIVER

Le film sera à l'image du début, une rivière gelée, d'où le titre. Mais l'élément naturel n'est pas le seul à atteindre des températures négatives dans l'état de New York (au nord est des États-Unis, près de la frontière canadienne, à ne pas confondre avec la ville de New York).

Ray va être une fois de plus trahie par son mari, la quittant une nouvelle fois avec ses deux enfants, pour aller jouer l'argent du futur mobil home. Elle ne peut alors régler le solde avec seulement son mi-temps de vendeuse, attendant depuis deux ans d'être responsable. C'est par la rencontre avec Lila, une jeune femme indienne de la réserve des Mohawk - qui a emprunté la voiture de son mari - qu'elle va participer à la passe de clandestins. Elle arrive presque au but de son rêve le jour de Noël.

On peut se souvenir du film des frères Cohen, Fargo de 1996 avec une histoire policière et surtout le décor neigeux. Il y a surtout, un côté frère Dardenne, documentaire réaliste dans cette famille pas recomposée mais en voie de décomposition, dans cette nature blanche mais pas toujours propre, dans cette rivière gelée gardant ces dangers, dans cette situation économique si fragile de ménages vivant au jour le jour attendant la paye de la semaine et payant l'essence avec des pièces.

Le dessein, le destin de ces deux femmes vont se croiser et même se fusionner. On perçoit alors toute la sensibilité de la réalisatrice bien que le scénario souffre d'une surenchère de pression de manière trop littéraire (les femmes chinoises, la fraude a la carte bleue, le bébé limite ridicule, l'amitié se nouant, les policiers fort gentils). L'émotion repart pourtant dans la scène dans la réserve pour ensuite replonger dans une fin téléphonée. C'est d'ailleurs le cas avec un coup de fil passé !

La sensibilité, le parti pris de cette nature difficile, de rêves de femmes seules ayant un prix et surtout un coût font du film de Courtney Hunt une promesse de cinéma.