BALI 7 : Pacific rim
Ce n’est plus la pleine lune mais elle est encore bien visible.
Aujourd’hui est un jour spécial pour Papa, il va retourner au cinéma à Bali. La dernière fois, cela devait être lors de son premier ou deuxième voyage, c'est-à-dire avant la fin du siècle. Siècle où l’on mangeait ici de la tortue avant qu’elle ne soit en péril.
Le film qu’il avait vu devait être L’arme fatale 3, en version originale, ce qui lui avait permis d’apprécier le nombre de fois où lemot « fuck » fut employé. Après l’attentat et avec la multiplication du piratage, le cinéma ferma définitivement dans la Legian. Le cinéma se trouvait presque à côté de la discothèque qui a subi l’attentat.
Il doit encore exister des cinémas à Jakarta mais sous dominante de distribution de films américains. Et il faut se dépêcher pour aller les voir car ils restent peu de temps à l’affiche. Un peu comme en France actuellement, mais cette situation date d’il y a vingt ans.
Le cinéma est donc revenu sur Kuta par la présence de la galerie marchande Beach Walk. Trois salles pour deux films par semaine avec une combinaison de prix qui diffère selon le jour et la salle. Il y a trois prix : du lundi au jeudi, le vendredi et le week-end. Enfin, on peut choisir la salle ‘Première’ avec des sièges plus grands, inclinables et se faire livrer à manger et à boire. On peut choisir dans toutes les salles sa place. Il n’y a pas de placement libre. Les prix vont de 50 000 roupies à 175 000, montant largement supérieur qu’en France.
A ce sujet, le taux est toujours en notre faveur : 13 440 roupies pour un euro. Ce qui met la place de cinéma la moins chère à moins de 4 euros pour près de 13 pour la plus chère.
Guillermo Del Toro va donc devenir le deuxième cinéaste dont deux films ont été vu au cinéma à l’étranger. Le premier, c’était M. Mann avec Tom Cruise en premier rôle. Cela avait valu à Papa une citation au Masque et la Plume. Jérôme Garcin aime bien citer les auditeurs du monde entier. Papa me dit qu’il avait aussi cité pour le livre Sur la route, qu’il avait lu il y a deux ans.
Ce fut le dernier auditeur à avoir été cité pour ce livre tellement qu’il y avait eu un engouement pour Cormac Mac Carthy. Il n’y eut donc après Papa qu’une auditrice qui poursuivit les louages de ce livre (elle devait écrire du Mexique).
La séance commença à l’heure après des bandes annonces et de la publicité. La salle fait 400 places réparties en deux dont on accède aux sièges par l’allée centrale, privant de ce fait, les meilleures places. Comme à son habitude, Papa prit la place le plus au fond, presque au centre gauche, rangée délaissée, au moins vers 14 heures, heure à laquelle il paya sa place.
Avant la séance, un panneau indique de ne pas parler pendant la séance. Il faudrait aussi indiquer ne pas utiliser son téléphone portable pour sûrement chater. Au moins un quart d’heure après le début du film, une bande de jeunes arrive pour occuper la dernière rangée et le jeune à côté de Papa, va utiliser son portable. Il va recevoir un geste de Papa pour lui dire que la lumière de l’écran le gêne. Que ce soit ici ou en France, quel intérêt d’aller voir un film pour être collé à son portable ? A ces gens là, il leur faut vraiment des films qui correspondent à leur niveau de compréhension d’une histoire regardée en pointillés.
Pour terminer, juste avant l’entrée, il y avait des affiches pour les films à venir (shoming soon) ; avec surprise, des affiches du dernier film avec Dany Boon, Gérard Lanvin et un film de la société Europacorp (avec Rochdy Zem).
Le film de l’espagnol Guillermo Del Toro est un mélange de Transformers, Godzilla avec une touche de Robocop et Alien. Entre intimisme (le rôle féminin ramenant le plus à l’enfance) et artillerie lourde (on détruit plus de gratte-ciels que dans World War Z), sans oublier la touche d’amitié virile, le film n’est pas à la hauteur de celui qui avait fait le sublime Labyrinthe de Pan.
Après cette longue parenthèse sur le cinéma, revenons à Moi.
J’ai pu voir une souris courir à la sortie du Komala. C’est normal, les déchets sont mis dans un lieu de stockage pas dans des poubelles comme chez nous.
Ensuite Maman a cru marcher le soir sur un rat mort. Cela elle déteste. De toutes les façons, elles détestent toutes les petites bêtes comme les blattes par exemple. Mais, elle n’apprécie pas non plus les lézards, bien que Papa lui dise que c’est utile dans une chambre. Dans la notre, enfin dans la salle de bain, Papa en a vu un gros. Enfin, plus gros que le petit qui est presque collé à l’ampoule à l’extérieur.
En parlant de petit, j’ai vu une camionnette qui faisait la promotion de boxe thaïlandaise par des nains ! Certains doivent trouver cela amusant !
J’ai aussi pu croiser des couples mixtes. Ici, beaucoup sont visibles. Ce que l’on peut remarquer, ce sont ces couples où la femme est blanche et l’homme indonésien. Souvent, elles sont corpulentes et d’un certain âge. Pour l’instant pas vu de Kuta boys. Ce sont des jeunes hommes aux cheveux longs, plutôt musclé qui sont là pour rendre les vacances encore plus exotiques à certaines femmes qui ont le pouvoir d’achat pour vivre une illusion.
Lorsque l’on va à la plage, on passe par un salon de massage. Si à 18h30 lors de notre retour, toutes les masseuses travaillent, il n’en n’est pas de même vers 16 heures. Elles sont presque toutes là à me regarder et à m’envoyer des signes. Lors du retour, on passe de l’autre côté de la rue où il y a aussi un salon. Et bien, dans ce cas, c’est la masseuse qui sort pour venir me voir !
Lors de la baignade, qui était calme - trop pour Papa - il a rencontré George, l’enfant de Surabaya qui sait parler anglais. La première phrase qu’il lui a dite a été : « où est Gabriel ! ».
Le marchand de maïs refuse de nous faire payer le maïs. Il est attentionné en nous disant de manger le féculent à l’hôtel où il sera moins chaud. La femme du marchand de noix de coco a demandé à Papa de faire une photo demain avec Moi !
Mes parents m’ont acheté du lait en poudre. Dulé, dulé, dulé. Moi, j’aime trop. J’en ai besoin. On le testera demain. Mes parents ont de l’appréhension car déjà que je n’ai pas voulu du nouveau biberon (la forme de la tétine dit Maman), que je ne veux pas de ma nouvelle sucette pour remplacer l’ancienne. Cela s’annonce mal.
Maman a intégré la notion de prix relatifs. On est allés au restaurant japonais pour la seconde fois. Mais Papa avait oublié la trousse de secours, mise en place depuis ma chute lors de notre première venue.
Un Bento (plateau de sashimi avec riz, légumes, brochettes servi avec un bol de riz) et un menu set (le numéro 2) pour un montant de 200 000 roupies. Ce sont presque les plats les plus chers (le plus cher est à 100 000 mais hors taxes soit 15% à rajouter).
Nos visites au masakan voient la note s’aloudir : 42 000 à celui de Patimura 15 mètres après le stand des jus de fruits, 50 000 lorque l’on prend à droite après ce masakan et 62 000 dans celui de la Benesari en allant sur la plage.
Pas toujours facile de comparer mais depuis notre premier masakan, j’ai mon assiette. Cela n’est toujours simple de me faire manger carje ne suis pas sur mon siège comme à la maison. C’est Maman qui me fait manger avant que Papa prenne le relais à la fin et jusqu’à que je fasse le signe de descendre. J’ai tout de même bon appétit. Ce que j’aime aussi c’est le pain de mie après la plage et la brioche le matin.
Une vie presque ordinaire faite de simplicité, dans un endroit pas si ordinaire que cela.
BALI 7 : Full moon
You’re beautiful it’s true
C’est la pleine lune. Il y en a qui vont la voir d’encore plus près en Thaïlande, à Ko Pan Ghan. Moi, le soir, je la suivrai des yeux en la montrant à mes parents.
Mais avant cela, on a fait ce matin une ballade en remontant la Pantai Kuta et en poursuivant tout droit sur l’allée qui est parallèle à la Legian. A gauche nous avons la mer, à droite les hôtels pour clientèle aisée, celle qui lit sous un parasol à cent mètres de la mer.
La discothèque 66 (double six en anglais) n’existe plus, à la place encore un hôtel à étoile. Mais cela n’est rien par rapport à ce qu’il se prépare à construire. Un complexe encore plus haut avec des appartements spacieux. Il leur faudra de nombreux mois pour terminer les travaux. Une fois de plus, c’est une tendance lourde, ces complexes, cette architecture toujours plus haute et toujours plus axée pour drainer les dollars et euros. Mais dans cette catégorie, tous ne pourront pas tenir en cas de crise économique persistante entraînant une baisse du tourisme.
Dimanche, alors que sur la plage, les personnes se comptent en centaines, la plage était presque vide. On comptait les gens seulement par dizaines. On se serait cru un après 15 août. Il faut dire que beaucoup de boutiques étaient fermées aujourd’hui. Une fête nationale, la pleine lune, une fête religieuse. Nous ne saurons.
A tel point que Papa a dû aller à l’internet du Komala pour ses programmations des articles. Au lieu de passer une heure, avec 4 000 roupies, il a tenu 40 minutes.
De retour, il était temps d’aller se restaurer dans un restaurant local. Nous avons pris du poulet, un poisson et un repas pour Moi pour la somme de 50 000 roupies. Plus cher que le précédent mais j’ai mon assiette avec du poulet. Maman a pris un poisson mais elle en s’est pas doutée que la couleur rougeâtre sur le poisson c’était du piment. D’ailleurs tout était pimenté, sauf le riz et mon assiette. Pour Papa cela allait, comme icône il aurait mis deux piments rouges sur les trois possibles.
Il est certain que j’ai du riz sur, autour et en-dessous de moi. J’ai mangé, peut-être pas assez. En ce moment, mes parents me surveillent car je fais des selles plutôt liquides mais tout va bien côté santé. On rentre, non sans avoir fait la pause du jus de mangue.
Je vais faire la sieste pendant que Papa va sur internet car son micro ne peut définitivement tenir les conditions climatiques à l’extérieur et bénéficier du wifi.
Il a des nouvelles de France, des températures. Il fait moins chaud, là où l’on est. Il oublie d’écouter le Masque et la Plume, tellement qu’il est concentré à publier ses articles. En moins de 20 minutes, tous les articles ont subi un couper coller pour être programmés. La prochaine étape sera de programmer des photos. Peu ont été prises pour l’instant !
Comme il y a peu de monde, il y a aussi peu de surfeurs dans la zone. Mais Papa doit intervenir auprès d’un indonésien qui apprend les rudiments à une blanche. Visiblement, il ne comprend pas ou ne veut pas comprendre le discours. Comme il y a un fort courant latéral, ils se retrouvent avec Papa qui va voir cette fois la fille, lui demande si elle comprend l’anglais et lui sort son discours. Mis à part cela, peu à faire car peu de gens. Sauf une surfeuse, qui saura vite que Papa est français comme elle. Mais, elle dit qu’elle a dérivé.
Une fois de plus, sur la plage, on va me prendre en photos. Quatre fois sous trois supports différents : téléphone, tablette et appareil photo.
Les seuls à demander notre accord sont une famille de Surabaya. Le petit qui doit avoir dix ans, parle bien l’anglais. Il dit qu’il parle anglais une heure par jour dans son école international et que plus tard il voudra être docteur. Il nous dit aussi que sa petite sœur s’appelle Gabrielle. C’est une indonésienne de trois ans, un peu joufflue. Il me dit que je suis beau (beautiful, handsome).
Mais moi, je ne me rends pas compte. Je cours vers la mer qui a reculé avec la marée en ce jour de pleine lune. Il faut vraiment marcher pour arriver à la mer. Les vagues étaient proches du bord et Papa vu le type de vagues, essayait de les prendre pour surfer sur celle-ci avec son corps et atteindre le bord. Par deux fois, ce sont ses genoux qui l’ont arrêté, tellement qu’il avait avancé près.
Il sort car je viens d’arriver et qu’il s’est pris deux petites décharges provenant de tentacules, filaments de méduse. Dans ces cas là, il faut se faire pipi dessus pour calmer la douleur. Je connais le mot ‘pipi’. Cela me fait sourire lorsque je fais pipi dans mon maillot.
Après un coucher de soleil qui passe par la case nuage, à la fin de sa descente, passage vers notre distributeur de maïs. On a droit encore à deux maïs sans que notre vendeur n’accepte d’argent ! J’aime bien le maïs, je sais le manger avec mes petites mains.
Par contre, je n’ai pas voulu boire avec mon nouveau biberon, vu que l’on en a perdu un. En dernier recours, il y a une boutique dans Beach Walk qui vend notre marque. Bientôt, on va être à court de lait. Cela va commencer à être problématique pour mes parents quant à savoir si je vais l’accepter.
Beach Walk on y est allés une deuxième fois. On est retournés au stand des vidéos et voitures qui bougent comme en France. Papa m’a installé dans une et au moment où il s’apprêtait à acheter une carte pour faire fonctionner l’engin, un homme jeune avec deux enfants à passer la carte dans le lecteur pour que la voiture puisse fonctionner en disant « free ». Peut-être que Papa devrait changer de tshirt pour faire moins pauvre ! C’était chouette. On reviendra.
En quittant le centre commercial, j’aperçois trois poupées balinaises avec la taille aussi fine que leurs longs cheveux noirs. Elles doivent sûrement au Square Garden. Le français copain de Saïd, en a parlé hier à Papa. Il y a eu une histoire de bagarre : trois australiens se font contrôlés sur une moto sans casque. Le policier veut les faire payer et se reçoit un coup de poing de la part d’un des monstres australiens. Il y en a de vraiment musclés ici. Cela doit valoir l’israélien que Papa avait vu à Ko Pan Gan, une armoire, même les cuisses de Papa ne faisaient pas la largeur de ses bras. C’est lui qui d’une voix agressive demandait à la femme thaïe « hey, retourne toi » pour qu’il puisse la prendre en photo. Ici, il n’y a pas ou peu d’israélien car l’Indonésie est un pays musulman.
Papa s’est renseigné sur la séance de cinéma, il ira demain.
Et demain, je continuerai à améliorer mon langage. Le côté positif, c’est que mon langage évolue. L’inconvénient, c’est que je dois parler indonésien !
Mon langage évolue en même temps que ma marche. Je préfère descendre les deux marches du bungalow en position debout plutôt que de descendre à l’arrière.
Je vais de plus en plus loin dans l’allée. Je comprends ce que l’on me dit et je sais aussi me faire comprendre au moins par les gestes, ce qui plus tard améliorera l’apprentissage de la parole.
Je suis un enfant heureux.
La mer, des vagues et un maïs me suffit à être épanoui.
Comme Papa.
BALI 7 : Sembilan belas bulan
I want to move it, move it
Ce matin en me levant, Maman m’a chanté la chanson de Joyeux Anniversaire. En fait, on devrait dire moisiversaire, car mes parents me le fêtent tous les mois depuis que je suis né. J’ai toujours fait mes moisiversaires à la maison sauf deux fois, chez Mamie et Papi.
Ici, à Bali, on ne va pas déroger à cette habitude. Surtout que Maman dit que Papa en a ici. Il a son mango juice dans le petit marché touristique de Patimura, sa noix de coco chez Bapak dans la jalan theater, ses deux boissons énergisantes, ses trois pack de lait de soja sans oublier un bon pain de mie au chocolat et à la banane.
Papa est parti vers dix heures aller acheter le gâteau à Mata Hari. Il y a bien une boutique qui fait des gâteaux à la crème – pouvant représenter des voitures, des maisons – avec des couleurs flashy mais ils sont plus beaux à regarder qu’à manger. Papa a un peu moins de deux heures pour aller à Mata Hari, puis faire les courses au Supernova pour trouver les bougies et enfin prendre sa noix de coco. Cela risque de faire juste.
Surtout qu’il oublie d’aller à Mata Hari ! Cent mètres à refaire. Sur le chemin, toujours ces vendeurs qui accostent pour aller voir leurs boutiques. Jamais il n’y est allé et jamais il n’ira. Il faut dire que cette année, les touristes sont bien moins nombreux.
Le gâteau choisi sera une brioche au chocolat, j’aurai aussi droit à un yaourt. Les yaourts sont vendus ici à l’unité. On n’en trouve qu’au Mata Hari. Dans les boutiques ouvertes 24 heures sur 24, on en trouve mais seulement à boire.
Après le Mata Hari, direction le Supernova pour les bougies et regarnir le stock de boissons sans oublier des fruits. Les mangues achetées la semaine dernière commencent à murir. Papa a pris un petit ananas ainsi que du jambu. C’est un fruit qui a une peau mangeable rouge et l’intérieur blanc qui sans avoir de goût désaltère.
Les courses sont finies. Il faut qu’il rentre sans passer par la case noix de coco, sans regret car il n’y a rien sur le stand.
Juste avant midi, Papa arrive. Il a chaud et semble fatigué. Le ciel était couvert et il est parti sans chapeau. Une année, il a fait cela et a eu une insolation. Manger l’aidera à surmonter cet effort.
On va manger au TOTEMO, c’est un restaurant dans la Benesari, un peu plus cher que les autres (le prix ne comprend pas le riz) mais meilleur à ce que dira Maman. On monte à l’étage. J’ai droit à une demi-part de plat de lasagne tandis que Papa reste fidèle à la sauce noix de coco mais cette fois c’est du thon. Maman prend du poisson cuit dans une feuille de bananier.
Manger avec un enfant dans un restaurant ou un masakan ou dans n’importe quel endroit qui n’est pas la maison n’est pas évident lorsque ce n’est pas un petit pot. Le souci que vont avoir mes parents, c’est que je ne vais pas aimer les lasagnes ! Ou alors que le fromage.
Plan B, ils me donnent de leur riz ainsi que de leur poisson. Papa finira donc son assiette, la mienne et celle de Maman. A partir de ce jour, , il se calmera sur la nourriture !
On mange à côté d’un couple de jeunes russes à voir la blondeur des cheveux et la couleur des yeux bleus de la fille. Lorsque j’ai fini de manger, je vais sur une banquette vide que je dois partager en face à face avec un couple. Pas de souci qu’ils disent mais un de leurs amis, type Jésus, arrive et Papa vient me chercher.
Il est temps de partir. Au comptoir pour payer, j’arrive à m’amuser avec la calculatrice jusqu’à que le monsieur en ait besoin. Ensuite, je leur fais le signe d’au revoir en leur envoyant des bisous. Cela fait toujours craquer.
Retour pour une sieste et nous voici à la plage avec Maman, car Papa est parti plus tôt après une deuxième boisson énergétique. Je retrouve la joie des vagues car l’eau est moins froide. Papa me dit qu’il a fait une machine à laver ! C’est lorsque l’on prend une vague en son sommet et que l’on suit le mouvement de la vague qui s’écrase. Ce qui est dangereux, c’est lorsque la vague est trop proche du bord, se retrouver projeter sur le sable ne fait pas du bien. Il a dû continuer à faire son travail de police entre les deux drapeaux. Il en a été encore plus motivé lorsqu’il a vu un homme de carrure sportive se prendre dans l’épaule une planche de surf. Le monsieur se touchait ensuite l’épaule. C’est arrivé une fois à Papa, il y a deux ans. Cela ne fait pas du bien et surtout peut être dangereux. Il n’y a qu’un asiatique qui ne comprend pas l’anglais et qui ne comprend pas les règles des surfeurs qui se borne à rester entre les deux drapeaux.
Moi, j’aimerais bien nager mais je ne sais pas. Pourtant, je me laisserai bien tenter mais pas encore. Lorsque la vague arrive, lorsque je suis assis ou debout ou sur les genoux de Papa, ce dernier me soulève pour l’éviter. Juste au dernier moment. C’est rigolo !
J’aime bien aussi courir sur la plage sur le sable. J’arrive presque à ne pas tomber, enfin presque. On m’a pris une fois en photo aujourd’hui. Maman n’aime pas cela. Papa lui pense que c’est un juste retour des choses lorsque les touristes blancs prennent des enfants dans les pays du tiers monde. Qu’ils ont l’air ridicule ! Peut-être que je finirais sur facebook !
En sortant de la plage, on va chercher notre maïs, je devrais dire nos deux maïs car maintenant Asli nous en donne deux ! Comme il ne veut pas d’argent, cette fois Papa lui a donné des échantillons de parfums. J’ai remarqué qu’il avait changé son pinceau pour mettre la sauce par celui offert par Papa.
Ensuite douche, petite visite à Patimura pour prendre la première à droite après le marchand de jus et acheter un biberon dans un magasin spécialisé pour enfants. Il y avait même des Pampers. Papa s’est tout de même arrêté au stand des crêpes. Cette fois, il en a pris une à la myrtille. J’ai aimé. On arrive au bout de la rue qui donne juste sur celle du marchand de noix de coco. On va en boire une. Une dame en me voyant sur le stand me donne une banane et la femme de Bapak est trop contente de me voir, elle me fait des chatouillis. Je rigole trop. Elle me fait penser à ma Mamie !
Mais le temps passe et il faut rentrer. Mes parents me disent qu’il faut que je sois rentré plus tôt pour que je prenne un rythme qui ne me fasse pas passer l’heure du sommeil. Il est vrai qu’au retour dans la Pantai Kuta, je vois des lumières, des voitures, des motos, des chevaux et j’entends de la musique.
Lorsque j’entends de la musique, je me mets à bouger les mains et à bouger ma tête comme j’ai vu faire Papa. Mais avant je regarde mes parents pour être sûr qu’eux aussi le fassent.
Je vais chercher un peu mon sommeil, en pensant peut-être à la lune qui est bientôt pleine, au bateau que j’ai vu passer le long de la plage, aux gens, aux sourires, à la vie, à la mienne qui m’emmène doucement vers mes deux ans.
Deux ans, c’est grand. C’est aussi le nombre d’années qu’a attendu Papa pour revenir à Bali. Car l’année dernière, j’étais un tout petit et maintenant Papa il me dit ‘il est grand mon tout petit’.
Mais j’y pense, on n’a pas fêté mon anniversaire !
Vivement demain et vivement les vagues.
Bali 7 : Give me five
Superstar, that what you are
Si les feux d’artifice résonnent le long de la plage pour moi, ce soir, cela aura été la découverte du ‘Give me five’, autrement dit ‘donne m’en cinq ‘ autrement concrétisé par ‘tape moi sur la main’.
Aujourd’hui, on m’a parlé, regardé, pris en photo sur la plage et lorsque l’on est allés sur la Poppies II, des hommes me tendaient leurs mains. Je ne comprenais pas. Puis, Papa a pris ma main et la mise contre la sienne. Ensuite, j’ai compris le mécanisme. Cela a été un festival.
Je voulais tout le temps le faire avec Maman. En rentrant, on se fait interpeller par deux femmes qui me regardent et disent « beautiful », elle demande mon âge (delapan belas bulan). Lorsqueje pars, je fais le signe au revoir et j’envoie aussi des bisous. Cela fait toujours craquer. Cela va me faire drôle en France de passer incognito.
On a visité Beach Walk, le centre commercial que Papa avait vu en construction l’été 2011. Trois étages. Le rez-de-chaussée et ses bars affichent presque complet. Ce que j’ai préféré, c’est le deuxième étage avec les voitures qui bougent. J’aime bien tourner le volant. On y retournera, on me l’a promis.
Un fait est certain, c’est que Bali change et Papa me dit que c’est une tendance de fond, irréversible. Il se construit des immeubles à étages comme jamais on a vu, destinés à une clientèle aisée. Résultats, les petites boutiques ferment partout : Benesari, Legian, Poppies. L’espace pour les voyageurs existera encore mais va se réduire.
D’un autre côté, les boutiques ou cantines pour locaux pratiquent toujours le double prix. Payer 12 000 un bakso, c’est un quart de plus que le prix, 2 000 de plus que le prix affiché de là où l’on a mangé ; mais Papa me voyant grogner a fait au plus pressé, au plus prêt.
Le bakso c’est une soupe avec des boulettes de viandes de poulet et de porc avec quelques légumes et des pieds de poulet que l’on ne demande pas. La soupe est servi dans un bol, il a suffi pour Maman et Moi mais Papa en aurait mangé deux.
J’ai aimé. Ce n’était pas évident les nouilles surtout avec l’oignon frit que je n’ai pas apprécié. Pour les boulettes de viande, c’était bon.
Ensuite, on est allés boire une noix de coco. Le marchand était content de me voir. On n’est pas restés longtemps car il fallait que je me cale pour la sieste et surtout, il commençait à pleuvoir. Du jamais vu à Bali selon mon Papa. Certes, il a eu plus mais que le matin.
En passant les prévisions météo que l’on peut trouver sur internet sont fausses (sauf peut-être météo France) : ils annonçaient 39 le lendemain de notre arrivée et des orages durant ces deux jours. Cela n’a pas été le cas du tout.
Ici, ce qu’il faut prévoir, c’est de la crème anti-moustiques sans oublier le ventilateur. Auparavant, Papa l’utilisait en même temps que le mosquito coil (un serpentin comme de l’encens). Depuis, il a évolué. Lors de son dernier voyage, il a acheté ici une prise avec du liquide, cela semble efficace. Il a quand même gardé le mosquito, utile pour la terrasse et la salle de bain. Il n’a pas non plus oublié des sachets de crème indonésiennes pour enfants, bien moins cher que le spray acheté en France.
Cet après-midi j’ai pleuré car je me suis fait mordre par une fourmi, de type petite et rouge. Vite, vite, de la crème et surtout la vidéo de l’ours, vite remplacée par des photos de Mamie et Papi. Papa peut faire un zoom sur les visages. Cela m’a beaucoup aidé à oublier la douleur.
Maman a vu un rat en train de bouger dans la Benesari, une blatte dans la douche. Papa s’en est débarrassé mais elle n’a pas du tout, du tout apprécié. Depuis, elle entre avec appréhension et en chaussures dans les toilettes. Cela n’étonne pas et n’effraie pas Papa qui dans un des hôtels le moins cher de Kao San Road à Bangkok avait été réveillé car il avait senti quelque chose monté sur son visage !
Lorsque je gambadais dans le jardin, essayant d’arracher des herbes, regarder des pies, ou alors guettait les deux écureuils qui se baladent dans les arbres, Papa a discuté avec un jeune homme barbu qu’il croyait avoir reconnu de 2011, Comme son accent n’était pas totalement compréhensible, il en a conclu à une méprise.
Par contre de méprise, il n’y en a pas pour les russes. Leur mauvaise réputation les suit et ils savent l’entretenir. Le copain à Saïd nous dit en passant qu’il a dû intervenir dans la cuisine à cause d’un russe qui parlait fort … à deux filles en face de lui ! Il paraît que c’est culturel.
Ce matin, nous avons déjeuné face à trois russes. Les cheveux allaient du châtain clair au blond blanc, toutes jeunes avec des yeux bleus. Maman a dit que le soir, maquillées, elles sont plus mises en valeur. Papa ne répond pas car même le matin, c’est agréable à regarder.
Pour terminer, un mot sur la douche. Je n’aime pas la douche. Le bain, cela va mais pas le jet et ici, il faut donc que mes parents s’adaptent. De toutes les façons, je finis toujours par pleurer. Maman a tout de même trouvé un subterfuge ! Celui de la bouteille d’eau de 1.5 l remplie que l’on me verse au fur et à mesure. Le pire c’est lorsque l’eau arrive dans mes yeux, j’aime pas du tout, mais pas du tout !
C’est comme quand Maman me change, j’essaye toujours mais toujours de me tourner !
Le plus rigolo, cela a été cet après midi de retour de la plage.
Nous avons d’abord fait une halte près d’Asli le vendeur de maïs. Papa lui a apporté cette fois, une boîte de pâte à noisettes pour ses trois enfants. Il lui a demandé s’il fallait mettre de l’eau ! On est repartis avec deux maïs sans qu’Asli ne veuille que l’on paye.
Papa et moi, on est dans le jardin de l’hôtel, il rencontre ce jeune barbu et ensuite me prend par la main et m’emmène dans la chambre, me monte sur le lit et dit à Maman qu’il faudrait changer la couche.
Sauf que je n’avais pas de couche !!
C’est trop rigolo … mais j’ai dû passer à la douche !
Si je suis blondinet, Papa ne l’est pas. Mais, on a un point commun, un code génétique qui est que nos cheveux frisottent. Avant, c’était visible mais aujourd’hui les cheveux de Papa ont poussé et sont longs et lisses. Ce qu’il aime entre autres en moi, dans ces empreintes génétiques, c’est que je peux manger avec les deux mains.
Il faut que mes deux mains soient remplies pour lancer le mouvement d’une main vers la bouche et l’autre qui se prépare pendant que la première anticipe de demander de la nourriture.
Je mange avec les mains comme les indonésiens, même si je mange le yaourt facilement avec une cuillère. Je mange de tout, même si je bloque un peu sur les fruits en ce moment. Ce n’est que passager.
Ma Tatie Valérie dirait que j’ai faim de vie.
De vie, de sourires et de Give me five !
Teache A aime le rouge
Jennifer Graylock/NBC/AP/SIPA
...de dos. Marquée au initiales de son créateur.
BALI 7 : Victor
Paix aux hommes de bonne volonte
Pour une fois, je me suis réveillé avant mes parents ! Mais, j’ai gardé le silence. Papa s’était couché tard en rattrapant le temps pour écrire ses articles.
Il est plus en forme qu’hier et ne sacrifie pas à son habitude de commencer la matinée par une boisson énergétique et un lait de soja. Ses brûlures d’estomac sont toujours présentes mais en régression.
Lors de ce petit déjeuner, un fort indonésien pour ne pas dire gros (mais plus gros encore que mon oncle GROS LOUP) me parle en français. On lui dit que l’on vient de Lyon. Il connaît grâce au football mais il connaît aussi un saxophoniste originaire de la ville qui joue ici.
J’ai de l’appréhension tout de même et je ne vais pas vers lui. Il me prend en photo ainsi que mes parents.
Ce matin, la destination est le supermarché Supernova, place où l’on va manger et aussi acheter une carte sim pour Maman.
Au bout de la Legian, on va vers le bureau de change pour s’apercevoir que le taux a encore monté : 13 550 roupies pour un euro, c’est un très bon taux. Papa discute avec le monsieur qui doit faire partie du bureau. Il lui dit qu’il venait ici en 2011 car non pas que les taux étaient bons mais c’étaient les meilleurs (good but the best).
Le monsieur le remercie et lui dit qu’en fait, il était avant sur la Legian (juste à côté d’un restaurant qui a fermé depuis). Le monsieur parle un peu avec moi et me demande si je suis un garçon ou une fille !
Il confirme que le taux va baisser (début du week-end) pour ensuite remonter lundi matin.
C’est ce jour là que Papa va négocier et payer notre hôtel pour le mois. Avant de s’informer sur le prix du taxi retour vers l’aéroport. A peine arrivé qu’il pense au retour ! Cela n’accélère pas les jours. D’ailleurs, s’il n’y avait pas l’ordinateur, il aurait perdu la notion des jours et de la date.
Il est midi dix et il faut aller au Supernova. La route n’est pas si longue mais il y a beaucoup de circulation et les trottoirs ne sont pas adaptés à la poussette (ou l’inverse).
Arrivés à notre destination, on file directement au masakan. Papa connaît cette adresse d’un bon rapport qualité prix. Cette fois, on prend trois assiettes. Pour la première fois, je vais manger comme un grand dans mon assiette mais … sur la table. C’est plus pratique pour mes parents. Seul Papa a pris du riz. Moi, je vais manger des légumes, du soja, du poulet avec une sauce légèrement sucré et du maïs frit jusqu’à que mes parents s’aperçoivent qu’il est légèrement pimenté ! Cela ne me gêne pas. Enfin, pas encore !
Je vais aussi manger du tempé (soja frit) et du riz que Papa va me donner. Je finis le repas avec un yaourt de France mais les munitions se réduisent ! Il va falloir passer à l’indonésien pur jus de lait.
Dans le supermarché, Maman croit que j’ai perdu ma tétine, celle dont je ne veux pas me séparer. Ils la cherchent dans les rayons où en passant je reçois des sourires et des phrases des vendeuses balinaises. Ils passent, ils repassent dans les rayons pour s’apercevoir qu’elle était sous mes fesses !
Encore de l’émotion pour Maman qui a acheté une carte sim qui ne passe pas sur son téléphone car il est bloqué. Il lui faut un code pour cela. Elle appelle bien la fonction, SOS mais personne ne répond !
Un problème des solutions. Papa lui propose son téléphone ou alors d’avancer la date d’achat du téléphone qu’il voulait. Le précédent acheté à Bali, il ne l’a pas retrouvé en France et il veut un téléphone de secours en cas de perte ou de casse, pour ne pas faire un achat précipité. Il n’en est pas encore au téléphone tactile !
Retour à la maison sans passer par la case noix de coco. Il fait chaud et Maman est fatiguée. Je vais tarder à trouver mon sommeil pour me réveiller ou me faire réveiller vers les 17 heures. Papa est déjà parti.
Entre temps, il aura reconnu – lui qui n’est pas physionomiste – les deux français rencontrés lors de BALI 6 en 2011.
Le premier c’était Saïd qui travaillait pour Eric et Ramsy ainsi que dans l’écriture de scénario. Il est au chômage mais revient chaque année sur Bali.
Le second, c’est plus compliqué. Il est arrivé trois jours avant le départ de Papa et aura eu sa chambre lors de son départ. Le souci c’est que Papa avait échangé la chambre avec une anglaise qui avait une petite fille de 3 ou 4 ans, AGA, dont s’occupait sa grand-mère pendant quelque temps. C’est comme cela que Papa avait pu discuter avec Saïd, car leurs bungalows étaient alors voisins. Il était discret et prenait son petit déjeuner dans sa chambre.
Le souci pour cette anglaise, c’est qu’en laissant sa chambre, elle laissait aussi le grand lit. Elle voulait donc faire l’échange car c’était plus pratique lorsque son copain indonésien venait.
C’était juste quelques minutes après que Papa ait rencontré son marchand de maïs dans la rue Benesari, il lui restait d’ailleurs qu’une dizaine de minutes avant qu’on le mène en moto à l’aéroport. Il les avait laisser discuter
C’était Made qui l’avait emmené pour 40 000 roupies, c’est-à-dire moins qu’un taxi mais cher pour un voyage en moto. Made est un employé depuis des années du Komala. Mieux valait donner cet argent à une personne qui n’avait pas été augmenté en deux ans, alors que l’hôtel avait doublé ses prix. Made avait une fille dont s’occupait sa mère car en Indonésie, les accouchements ne sont pas remboursés à ce que lui avait dit le balinais et sa femme travaillait.
Papa va donc avoir des nouvelles des anciens du Komala de l’été 2011.
Le copain de Saïd, qui se rappelait de Papa, a divorcé, sa femme étant parti avec un ‘black’ costaud en ayant voulu vendre leur maison sans rien lui dire. Bon, étant libertin il pouvait se douter que sa femme se comporte comme lui. C’était elle qui en 2011, tellement qu’elle avait confiance lui avait acheté des préservatifs ! Il a arrêté d’être dj et va monter une entreprise avec son frère. Dans quelle activité, je ne sais.
L’anglaise, blonde avec quelques formes agréables à regarder, s’est mariée ou était avec un Lord. Pour l’argent, leur avait-elle confié. Elle est revenue en catastrophe à Bali car elle aurait tué ce Lord avec un vase. Elle est retournée en Angleterre et on n’a plus jamais entendu parler d’elle !
Quant à ce cher Victor, il est revenu mais ses tremblements s’étaient accentués du fait de la maladie de Parkinson, il toussait, ne surfait plus. Il a décidé de donner sa planche à la masseuse du coin qui la lui gardait et il est reparti vers son pays. Trop vieux pour rester à Bali dans cet état de santé.
Quand Papa a rencontré Victor, ce dernier avait plus de 70 ans.
D’origine autrichienne ou polonaise (son nom finissait pas ski), ses parents avaient le choix d’émigrer aux Etats-Unis ou en Australie. Ce fut ce second choix. Le jour de sa retraite, il a jeté sa montre. Il voyageait sans téléphone et sans carte bleue. Une vie simple à Bali, rythmé par un petit déjeuner sur sa terrasse avec une chaise soudoyé à un employé, du surf le matin, une demi-part de lasagne à midi et une boisson l’après-midi et un repas léger le soir.
Papa l’avait accompagné en longeant la plage le jour de son départ. Car Victor avait décidé d’aller à l’aéroport à pied. Il avait laissé sa chambre à midi alors que son avion était le soir et que l’on peut entrer dans l’aéroport seulement trois heures avant son départ. Il n’avait qu’un sac, avait abandonné le peu de vêtements qu’il avait. Il voyageait léger.
Sa vie avait changé vers 40 ans, lorsqu’il rencontra une indonésienne. Du classique. Il se maria, eu vite deux enfants. Trente ans après, sa femme à la cinquantaine, une maison au nom de Victor en Australie et une autre dans son village natale, un de ses enfants travaille au Canada. Durant son séjour à Bali, il ne donnera aucune nouvelle à son épouse.
Victor était un homme sans contrainte. Il liait facilement contact avec toutes sortes de personnes. Il montrait des photos de lui, avec des amis de surf, dans les années 60.
A 70 ans, j’aimerais bien faire une activité sportive. A cet âge, je n’aurais plus mes parents. Vivre libre est aussi ce que veut aussi m’enseigner mon Papa. Mais, pour l’instant, j’ai trop besoin d’eux même si j’arrive facilement à lier contact avec mon sourire et mon regard coquin.
Le voyage développe les contacts, la découverte, l’adaptation, le changement mais aussi le recommencement. Comme la mer avec les vagues qui viennent finir leur mouvement sur la plage.
Teache A aime le rouge
Erik Pendzich/Rex/sipa
Une autre super-héros était présente de face et ...
BALI 7 : Coconut
L"aventure continue.
Que les journées passent vite même sans rien faire. Il faut dire qu’il y a des rendez-vous fixes comme le repas qui se fait entendre de mon ventre vers midi trente. La sieste est décalée par rapport à la France et je m’endors pour l’instant avant 22heures.
Pour le repas, on a mangé au restaurant du Komala pour alterner et essayer de tenir un planning qui convienne à mon appétit. J’ai pris un gado gado. J’ai apprécié. C’est du riz avec de l’œuf, de la viande et des légumes avec un cracker (beignet). Mais pour les carottes, cela n’était pas évident de les croquer. C’est Papa qui a fini mon riz ainsi que celui de Maman.
A la fin du repas, j’ai tourné autour d’une table où il y avait de nombreuses nationalités. J’ai plu à un japonais et aussi à un coréen ainsi qu’une thaïlandaise. Il y avait aussi un suédois qui avait un téléphone tactile, je l’ai vite remarqué.
Maintenant lorsque je vois une télé, je touche l’écran, me croyant encore dans l’avion pour changer de programmes !
Avant de quitter notre bungalow, j’ai vu une dame qui avec un long bâton faisait tomber un régime de bananes.
Dans le jardin, il y a les pies. C’est comme cela que je nomme les oiseaux car à la maison, j’ai souvent entendu dire ce mot par Maman.
Papa avant d’aller faire comme d’habitude la police dans la mer, s’est fait arnaquer dans une échoppe pour un mango juice. Il voulait tester cet endroit, tout petit, en largeur, dans la Benesari pour ne pas aller à Patimura. Il a eu tort.
Tout d’abord, il n’y avait pas de prix affiché, ensuite en demandant son mango juice, la femme lui propose de mélanger avec des fruits de la passion. Elle lui dit qu’elle est une professionnelle ! Il la regarde faire et voit qu’elle met quelques morceaux de mangues et un fruit de la passion mais aussi du lait concentré et du jus sucré. Dans son stand, il y a un livre sur les bienfaits des fruits.
Lorsque Papa le boit, il le trouve trop sucré. Mais, c’est surtout la note qu’il va trouver salée : 35 000 roupies ! Voyant sa tête, la marchande dit alors 30 000. Elle lui explique qu’elle a mis 2 manques et 5 fruits de la passion et un morceau de citron pour réduire le goîut sucré. Elle lui dit qu’elle loue le local un million de roupies par semaine et que c’est difficile, tellement qu’elle ne peut avoir d’employé. Papa est plutôt zen et se dit que certes, il s’est fait arnaquer (car même dans les chics bars de la Pantai Kuta, on paye moins) mais c’est elle qui a perdu à vie un client et surtout maintenant par le biais d’internet, il pourra envoyer un mail aux guides de voyage.
Une telle boutique a peu de chance de tenir. Cela fait 8 mois. Elle pourra continuer à arnaquer mais pas sur le long terme.
Autre arnaque mais évitée celle-ci, le pack de 24 lait de soja en 25 cl. Vendu 2 400 au Supernova, le magasin chinois, sorte de grossiste, à droite de la rue des champignons, l’annonçait à 70 000 roupies au lieu de maximum 60 000. Papa sait pourquoi, il n’allait plus dans ce magasin.
Par contre, il a vu les bombonnes de 19 litres au prix de 11 000 roupies. Il faut savoir qu’un litre et demie coûte 2 500 roupies au minimum. Mais le problème, c’est le transport ! Au début de la Benesari, ils vendent bien une bombonne de 6 litres mais au prix de 19 000 roupies. Cela semblait perdu, lorsque juste en sortant de notre hôtel, il y a la petite boutique qui vend la fameuse bombonne 15 000 roupies. Enfin, la recharge car la première bombonne, il faut la payer 60 000 dont 20 000 seront remboursées.
Aujourd’hui, comme hier, cela a encore été 7 surfeurs qui ont été rappelés à l’ordre par Papa qui leur a dit, son discours classique : « swimming zone between the two flags ». Tous coopèrent.
La police, la vraie, a changé d’endroit. Elle était en 2011 installée sous une tente sur la plage ; maintenant c’est sur le trottoir. Il est vrai que Beach Walk , que je visiterai plus tard, est devenu l’endroit touristique par excellence. Si un attentat a lieu, cela sera ici.
On est allés à Patimura, l’endroit qui regroupe deux boutiques de jus de fruits au prix mini soit 7 000 roupies (mais 2 000 de plus qu’en 2011, où en juillet il n’en coûtait que 4 000, 5 000 en août). Papa a pris son habituel mango juice et Maman un sisrak. C’est un gros fruit avec des piquants qui donne une couleur verte. Le lendemain, ils prendront toujours un jus de mangue et un fruit de la passion.
Papa me dit qu’il m’emmènera un soir au restaurant chinois au bout de Patimura qui cuisine du poisson. L’endroit est bruyant mais la cuisine est bonne.
Papa est allé m’acheter un sceau avec des accessoires pour la plage. Il en a profité pour prendre les codes du wifi gratuit mais malheureusement, son micro-ordinateur, s’il fonctionne dans la chambre, ne peut tenir la chaleur de l’air ambiant et se met à l’arrêt automatiquement. Il réessayera un matin.
Côté technologie, il a sa carte SIM et comme son téléphone vient de Thaïlande (cadeau de Fred), il n’est pas bloqué. Un sms coûte 650 roupies, une minute en local 2 000 et 5 000 en international (certains opérateurs français proposent avec l’option monde 15 minutes pour 15 euros soit presque trois fois moins).
Aujourd’hui, cela a été ma présentation à son marchand de noix de coco. Il l’a vu hier en fin de matinée. Il n’a pas changé : toujours aussi nonchalant et peu causant. Il ne parle pas anglais et Papa pas indonésien, cela réduit les dialogues.
Lors de son deuxième et troisième voyage, il prenait ses noix de coco à l’angle du début de la rue (à sens unique pour les voitures) en prenant à gauche au bout de la Legian puis la première à droite. Il avait dû s’apercevoir qu’il y avait deux prix mais pas question pour la petite femme de baisser son prix. Il avait alors changé de place et trouver dans le Gang 2 de la Jalan Theater, ce marchand de noix de coco. Au fil des jours, jours après jours, la simple noix de coco était devenu noix de coco coupée avec du jus, et de la gélatine. Lors de Bali 6, c’était presque un repas qui lui était proposé avec des sortes de nems. Comme en 2009, ils vont quitter Bali début août pour aller à Java, dans leur village. Ils nous invitent, c’est très gentil.
Cette année, à l’angle de la rue, la vendeuse et son mari de noix de coco ont disparu ainsi que le restaurant où Papa avait mangé. A la place, une boutique 24/24. Le changement de fond.
Nous arrivons et Bapak, le nom de notre tenancier de noix de coco, nous offre un mango juice. J’en goûte un peu, c’est bon. Sa femme est contente de me voir et fait remarquer que nous avons les cheveux qui bouclent avec Papa. Elle s’amuse avec moi en faisant couiner mon doudou. C’est rigolo. Depuis, je le fais couiner beaucoup plus souvent. Je me suis vite fait adopter. Les gens qui passent dans cette petite rue, toute petite (le gang) me sourit sauf comme d’habitude le chinois à lunettes qui n’a jamais montré un signe d’expression de salutations à Papa.
Pendant que Bapak préparait son mango juice, Maman me promenait à côté mais je voyais bien que ce dernier nous regardait sur le trottoir. Le stand longe la route qui a un fort trafic. Il était temps de partir, Bapak n’a pas voulu que l’on paye. Souvent Papa l’a vu offrir des fruits à ses amis.
C’est ce que l’on peut appeler l’effet Gabriel.
Une vie simple, presque ordinaire si ce n’est que l’on est à Bali. Très loin de chez nous mais très proche dans le contact même si la langue est une barrière et que la communication est réduite.
Il y a ce partage de l’universel qui peut se passer de mots.
Teache A aime les anges
Erik Pendzich/Rex/sipa
Doutzen Kroes, un an après la naissance de son fils, n'a rien perdu de sa plastique.
BALI 7 : Room 8A
On s’est levés tard aujourd’hui. Cela ne nous empêche pas de prendre le petit déjeuner qui comprend un verre de thé (ou de café) et un jaffle, soit deux tranches de pain de mie grillé avec soit de la confiture de fraises, soit des bananes. La confiture de fraises indonésienne ne doit pas comprendre nos 50% de fruits ! Il doit en être pareil pour le miel.
Le temps de se préparer et nous voici dans la direction de la Legian de notre rue Benesari. Au carrefour, le restaurant Brazil est en rénovation, dans deux semaines il devrait rouvrir, ce que je doute vu l’avancement des travaux. En face, il y a toujours ce restaurant italien et ses pizzas. Le bemo corner a été remplacé par une boutique, la poste par un salon de massage. Nous trouver le Kunti II qui n’a pas changé. Peut-être même pas ses prix, tellement qu’il est cher ! A côté, la boutique de vêtements a fermé. Fred connaissait la vendeuse qui était aussi masseuse, selon les souvenirs de Papa.
Pour une fois, il va prendre un plat moins étoffé que Maman, un half suhsi set contre un sashimi. Je pense que le deuxième plat a entraîné le premier. Papa finira le plat de Maman. Au lieu de se mettre sur une table, on va vers le coin des tatamis. Il y en a deux. On mange assis sur des nattes où il y a quatre coussins.
Sur la table, il y a des cure-dents, j’aime bien jouer avec. Je tourne autour de la table et vais vers l’autre pendant que l’on apporte trois petits verres avec du jus de fruits exotiques et des cacahuètes dont je n’ai pas droit.
Je sais boire au verre, enfin presque. Je finis le verre de Maman, celui de Papa et bien entendu le mien. Les plats arrivent. Pendant que mes parents découvrent les plats, je vais à l’autre table mais me prend le coussin avec mon pied qui me fait trébucher sur le bord de la table, que même la table elle a eu m al !
Je pleure. J’ai mal. Ce ne sont pas les dents mais le coin bas de l’œil qui est touché faisant un trait d’écorchure sur deux millimètres ! Cela enfle vite. Bien sûr, le sac kit de survie n’est pas encore en place. A partir de ce fait, il le sera. Papa sort le caméscope. Il a filmé l’ours qui bouge sur de la musique avant notre départ, en cas de situation délicate. A chaque fois que je me faisais mal en France, l’ours arrivait et cela me rassurait. C’est un ours sur lequel on appuie sur la main et il se met à bouger sur de la musique. En fait, il avait la particularité de faire partie d’un orchestre qui se mettait à fonctionner par ultrason. Papa a acheté l’ours et pensait acheter les autres années après années mais le concept n’a pas pris.
Cela me calme un peu. Pour finir l’opération, il me montre des photos de Papi et surtout de Mamie. Je l’aime trop ma Mamie. Voilà, c’est passé mais j’ai eu mal et je garderai une marque de ce passage. Avec le soleil, cela ne va rien arranger.
Ce qui est bien avec un le type de plat sushi sashimi c’est que cela ne risque pas de refroidir. Aller dans un restaurant avec un enfant n’est pas de tout repos pour apprécier cette nourriture.
Auparavant, Papa il allait seul à ce restaurant. Il avait déjà 5 repas (car tous ne donnent pas droit à un tampon) sur sa carte de fidélité. Il doit y avoir peu de monde ou alors peu de fidèles ou alors beaucoup de gens qui ne connaissent pas cette carte car la liste commençant par la première lettre de son prénom n’avait pas pris de pages.
Au retour, pas de sieste. On ira donc plus tôt à la plage où l’on rencontre le marchand de maïs. Papa lui offre un pinceau en silicone pour changer de ses pinceaux de peinture pour mettre sa sauce au beurre salé et une autre pimentée. Il veut nous offrir un maïs mais Papa dit plus tard.
Je redécouvre la sensation du sable : c’est mou et c’est doux mais on ne peut pas trop courir. Au loin, je vois les nuages, la mer, les vagues. Je veux y aller. On s’installe toujours entre les deux drapeaux. Il est plus de 16h, je suis habillé avec un t-shirt et mon chapeau. J’ai eu droit à de la crème solaire pour enfant, indice 50. Papa m’emmène près du bord dans ses bras. Il me dépose sur un de ses genoux et lorsqu’une vague arrive, hop il me fait sauter. C’est trop rigolo !
Alors que l’on est sur le bord, je vois un petit enfant qui semble mieux se débrouiller sans l’appréhension de l’eau. Il est à quatre pattes dans l’eau. Il n’a pas de t-shirt mais une sorte de catogan et des lunettes. Sa maman est près de lui. La conversation s’engage. C’est un couple qui finit un voyage de six mois, petit budget. Ils ont visité la Malaisie, la Thaïlande. Bali ne leur plaît pas trop car trop cher derrière les sourires. Elle est masseuse, lui serveur. Ils ont eu des nouvelles de la France par facebook interposé.
Le petit qui a une corpulence d’enfant de 8 huit mois, en a en fait 18. Comme moi. Il est né durant un précédent voyage. Durant celui-ci, il a fait une grève de la faim pendant un mois. Il fallait trouver des ruses pour le faire manger. Ensuite, il a eu des boutons de chaleur, comme Papa en Birmanie. Par contre, il a marché à 12 mois.
Il n’y a pas de règle. Lorsqu’il enlèvera son catogan, je verrai des cheveux bien blonds. Il ne parle pas et se blottira contre le cou de sa maman, comme un petit singe.
Si dans la courbe de croissance je me situe dans le bas du quart supérieur, lui est dans le quart inférieur. Les statistiques sont presque infaillibles. On dit que je mesurerai 1.80 mètres pour 70 kg à 18 ans. Cela doit être dans les gênes de mes ancêtres paternels, ceux qui ont vécu en Orient.
On a quitté la française et on assiste à un coucher de soleil avec juste un nuage. C’est drôle comme le soleil se couche vite, en moins d’un quart d’heure. C’est comme si la lumière subissait un variateur d’intensité de lumière … mais vers le numéro zéro.
En rentrant, Papa prend des nouvelles de la chambre qu’il voulait. Elle est libre et nettoyée. A midi, il leur avait dit qu’elle était libre mais il ne le savait pas encore ! Tout de suite après un gars de l’Est leur demande si son copain peut dormir avec lui et libérer la chambre 8A. Celle de Papa en 2011. La chambre ne sera libre qu’à partir de 16 heures car il faut faire le ménage !
Le seul inconvénient c’est que la terrasse est plus courte donc plus dangereuse car il y a deux hautes marches à descendre. Je sais descendre en arrière, Maman me l’a appris mais j’ai aussi envie de descendre à l’avant comme les grands comme me l’apprend Papa.
Papa décide que l’on fasse le changement après la douche. Cela ennuie Maman mais c’est une opportunité à ne pas laisser passer.
En moins d’une heure, le changement est fait et presque toutes les affaires sont rangées.
Cela fait beaucoup de changements pour elle et pour Moi mais il y a une pièce de plus, qui sera peut-être ma chambre. On verra.
Pour l’instant, je dors dans un lit à côté de mes parents qui veille sur moi. Il m’arrive souvent de me tourner et de me retrouver en travers du lit, en fait comme en France, mais dans notre pays mon lit est dans le sens horizontal, ici vertical. Papa m’a même vu dormir sur le ventre avec mes genoux repliés ce qui faisait que mes fesses étaient en l’air !
Il faut s’endormir, même si cela va prendre un peu de temps. Il va falloir que je fasse la sieste pour reprendre de bonnes habitudes. Pour l’instant, tout va bien. J’aime Bali.
Et comme le dit Papa citant Shakespeare, je suis fait de l’étoffe des rêves. Alors, je vais m’y plonger car demain, est un autre jour et moi, je vis au jour le jour. Ici et maintenant.
Teache A aime le rose
V. KRYEZIU / AP / SIPA
BALI 7 : Toute première fois
Les airs, laTerre, la mer.
Quelle nuit ! Chaud, du bruit, un nouvel environnement. Je me lève, il est presque midi. Je me lève, enfin, je me fais réveiller par Papa qui a eu le temps de demander le changement de chambre, d’apporter les valises dans un des bungalows qui donne sur le jardin.
Il avait le choix puisqu’il y avait trois bungalows de libre, deux du côté gauche lorsque l’on est de dos dans la cuisine où l’on prend le petit déjeuner – et une du côté droit. A droite, c’était l’une de ses chambres en 2007, à droite c’était celle de Victor l’australien dont la maladie de Parkinson a dû avoir le dessus et l’autre celle du français de 2011.
Il choisit celle-ci en attendant d’avoir sa chambre, celle de 2011 qui est plus grande car en plus de la chambre, il y a une pièce pour mettre les surfs. Le prix devrait passer de 125 000 à 165 000 roupies mais c’était cela où l’on quittait l’hôtel.
En me réveillant, j’ai droit à mon biberon avant de prendre la Pantai Kuta et faire le change. Avant, on sera passé au Mata Hari pour acheter à boire car il fait chaud. Papa aurait dû faire le change ce matin mais en cours de route, il est tombé sur le nouveau centre commercial Beach Walk sur trois étages avec un cinéma. Lorsqu’il est passé, il a vu des gens faire la file d’attente pour une boutique de ‘smoothie’ sauf que c’était en fait, le cinéma qu’il cherchait ! Difficile de voir que cela en était un, car juste en face de l’entrée, il y a une énorme pancarte avant des photos de jus de fruits. Seulement deux films à l’affiche, avec des fauteuils VIP pour ceux qui veulent payer plus chers et avoir de meilleurs conditions de séance.
Papa, il était allé au cinéma avant l’attentat. Il y avait un cinéma à Kuta, juste à côté, en face de la discothèque qui a explosé. Depuis, plus rien. Mais, les deux films à l’affiche sont tout droit issus du box office américain (Expendables 2, Pacific rime en 3D). Sur un mois, peut-être qu’il pourra voir Elysium.
Il fait chaud. Maman souffre de la marche et de la chaleur. On fait le change au bout de la Légian : bureau climatisé, visible avec sa télévision à l’extérieur donnant les cours et surtout le meilleur des taux. Un euro pour 13 400 roupies.
Dans l’agence, pendant que Papa fait le change, je regarde un agent de sécurité. Je viens vers lui et il me prend dans ses bras ! Il me fait sauter et cela me fait rigoler !
Après cet intermède, direction le supermarché Supernova pour faire quelques provisions de boissons énergisantes (toujours deux par jour pour Papa, même si au début, cela se ressent dans l’estomac), de lait de soja (pour calmer l’acidité de la boisson précédent), des fruits (un belimbing, fruit jaune qui lorsqu’il est coupé forme un étoile ; deux mangues et de la papaye) et bien sûr de l’eau. Indispensable et seul risque que n’accepte pas mon papa lors des voyages. Pour l’instant, cela lui a réussi. Le transport de l’eau est un problème vu la lourdeur. Maintenant, on trouve plus facilement des bombonnes de 6 litres voire de 19. J’ai vu lors de son dernier voyage, Bali 6, une photo où mon papa avait stocké de quoi tenir les quatre dernières semaines de son voyage. Il ajoutait en plus de toutes les boissons, une aux fruits. Avec moi, la donne est changé car il a moins de temps. Mais, ce temps il le gagne sur internet car cette fois, il a apporté son ancien micro pour taper le texte et ensuite le programmer sur son blog.
Maman sur le chemin du retour a des vertiges. Sûrement la chaleur, le manque de sommeil, la circulation qu’elle n’apprécie vraiment pas. Il est vrai aussi qu’elle n’a pas beaucoup mangé dans l’avion. Je ne vois pas d’autres explications.
Il est 16 heures passées, l’appel de la mer résonne pour Papa qui nous emmène à gauche en sortant de l’hôtel, vers la Pantai Kuta. Il faut la traverser, même si ce n’est pas une circulation dense. Et là, alors qu’il est derrière nous, je le vois regarder un marchand de maïs qui nous regarde. Il lui dit ‘have you a big corn ? », et lui se retourne et reconnaît Papa. Ils se prennent alors dans les bras, nous présente et ce dernier veut tout de suite nous offrir un maïs grillé mais Papa dit plus tard.
Ce marchand, il l’a rencontré lors de Bali 6. Il l’observait pour connaître le prix. Lorsqu’il en a acheté un, il a payé le prix indonésiens pas le double voir quadruple pour les japonais. Un de ces jeux était de lui dire, en voyant une femme de forte corpulence, alors que le marchand est du genre petit, « look, big Mama for you « . Bien entendu, avec le Big corn, c’était pareil. Ils sont coquins tout de même. C’était ce marchand qu’il a rencontré le dernier jour, la dernière heure presque à la dernière minute, alors qu’il rentrait à l’hôtel. Mon Papa marchait dans la rue, une moto s’arrête avec une petite fille et une personne descend. C’était le marchand qui venait le prendre dans ses bras. Rien que pour ce genre de moment, cela vaut la peine de voyager.
Me voici sur la plage. Je suis déjà allé à Antibes mais j’étais petit, je devais avoir à peine 4 mois. Le sable, c’est bizarre. On avance mais c’est doux et cela manque aussi de stabilité. Je vois des gens, beaucoup de gens. Et au loin, la mer et puis aussi les vagues. Papa me prend dans ses bras pour m’emmener près du bord.
Oh, c’est froid. Et puis, c’est drôle en reculant, l’eau me fait m’enfoncer dans le sable. Sans l’ombre d’un doute, j’aime la mer et les vagues. Mais il faut tout de même que je m’accroche au cou de Papa.
Je commence à lancer mes cris de marmotte.
C’est trop rigolo. Lorsque la vague arrive, Papa me soulève et hop !
Je baisse la tête pour essayer de mettre la bouche dans l’eau mais on me dit que non. C’est drôle, j’ai un drôle de goût dans ma bouche. Je me frotte le visage, comme le fait Papa le matin avec une lotion nettoyante.
Je ne craindrai pas le soleil malgré mes cheveux blondinets.
Moi, j’aime bien Bali, même si j’aimerais que ma Mamie et mon Papie soient là. Mes parents ne comprennent pas pourquoi je les réclame trois fois par jour. Papa avait fait un disque sur dvd mais celui-ci n’est pas lu par l’ancien micro. Heureusement, il reste les photos dans le caméscope.
Le coucher de soleil sera caché par un nuage. Il est temps d’aller prendre une douche que je vous raconterai demain car c’est un peu pareil et d’aller manger au masakan près de Patimura.
Papa connaissait l’adresse et l’avait testé plusieurs fois, surtout leur omelette. Une réussite. Sauf que cette fois, il n’y en a pas. Papa prend du poulet, Maman du thon frit. 42 000 roupies à deux pour une cuisine passable, froide. Nous ne reviendrons pas. Moi, je me suis déjà endormi car je suis tombé de sommeil. Ce n’est que lors du retour dans notre chambre que je vais me réveiller !
Le voyage en avion a été parfait, mon adaptation plus que rêvée, ma découverte des vagues un rêve. Je sais que Papa est fier de moi et qu’il va bientôt me dire que je suis un voyageur. Pas un petit qui deviendra grand, un voyageur tout simplement qui saura faire face aux aléas de la vie et voir dans le mouvement des vagues, un recommencement en sachant profiter du moment présent, ici et maintenant.
BALI 7 : Komala Inda 2
Après le ciel, la terre.
Nous sommes les premiers à sortir après les premières classes.
Le monsieur handicapé est resté dans son siège en classe économique, il devrait sortir cette fois le dernier. L’avion n’était pas complet. Cela est peut-être un signe.
Les premiers à sortir mais aussi les premiers à attendre la poussette qui tarde à arriver. La voilà. Les taxis seront vite pris car il y a aussi un vol de Sydney qui est arrivé.
On ne passe pas par la longue file d’attente des sans visa et en plus une personne nous fait passer du côté des passeports locaux. J’entends trois fois le bruit du tampon sur nos passeports et nous voici devant le tapis roulant des bagages. Celui de Papa arrive pour une fois le premier, puis plus tard celui de Maman et enfin le mien. Entre temps, il y a des indonésiennes qui me regardent et une qui me caresse la joue. Ils sont rigolos. De loin, je réponds à un signe d’une autre indonésienne.
Nous voici maintenant devant la file d’attente des bagages où il faut bien entendu plier la poussette et la faire passer dans la machine rayon X. Papa donne le papier « rien à déclarer » et nous voilà sortis.
Direction taxi où le gars du bureau annonce 70 000 roupies. Papa essaye de négocier avec d’autres mais c’est pire, le double (15$).
Ils ont bloqué la route qui menait à l’aéroport intérieur et où la dernière fois, Papa avait pris une moto. Fred lui avait dit qu’il fallait faire 500 mètres mais chargés comme nous le sommes et ne sachant pas ce que l’on va trouver dans la nuit, retour devant le bureau où le gars dit « alors, tu n’as pas trouvé moins cher ». Mon père lui répond « actualise tes prix sur le tableau » (45 000 pour Kuta), ce à quoi ce dernier répond « Non ! ». La raison invoquée pour l’augmentation des prix (de 60 à 70 000 roupies) est l’augmentation du prix de l’essence, il y a deux semaines. Un litre coûte désormais 6 500 roupies, il en coûtait deux mille de moins en 2011.
A cette heure, il n’y a pas beaucoup de circulation.
Première constatation, cela construit. D’abord à l’aéroport, un changement devant intervenir dans quelques temps (mois ?), dans les hôtels, centres commerciaux le long de Denpasar. Cela construit en grand, en luxe.
Pour le trafic par contre, tout va bien, en 20 minutes, nous voici à l’hôtel. Le taxi est passé par derrière le centre commercial Mata Hari et a pris la Pantai Kuta. Cela a construit me dit Papa qui voit maintenant le centre commercial fini alors qu’il était en construction été 2011.
Moi, je vois des lumières, je ressens la chaleur. Je m’y adapte après un jour d’air conditionné dans l’avion. Je n’ai pas sommeil, je suis alerte. Papa a aidé le chauffeur à mettre et à enlever nos valises, nous voici à l’hôtel.
Moment de vérité. Fred, grand voyageur, dive master, amoureux de l’Indonésie et ami de Papa a réservé en avril en personne et pour plus de sûreté a appelé le samedi. Papa avait écrit fin juin pour confirmer, car on ne sait jamais.
En plan B, c’était le Komala 1 et en joker l’hôtel en face du nôtre mais à 60 euros la nuit. Seul, Papa aurait laissé ses valises et serait allé chez Arthawan où une année où presque tous les hôtels affichaient complets, il avait trouvé la dernière chambre donnant sur la rue.
Il avait eu droit au concert gratuit d’un gars qui reprenait du Bob Marley. Arthawan était sur les guides mais a disparu du fait qu’il louait ses chambres à des prostituées et se servaient des premières pour louer des chambres pour une nuit à prix fort à leurs clients.
Papa a prévu d’aller voir les prix (pas les filles !).
La personne à l’entrée du Komala Indah2 se rappelle de Papa, il nous dit qu’il a une chambre, que c’était prévu. Enfin presque, car l’on n’est pas dans le jardin mais derrière le bureau à côté d’une citerne d’eau qui va mettre en route son mécanisme de nombreuses fois.
J’entends aussi le cri d’un oiseau. Il est maintenant presque une heure du matin. Les deux lits sont rapprochés pour plus de sécurité pour moi. Maman est déçue de la qualité de la chambre, de la salle de bains. C’est la première fois qu’elle voyage et elle ne sait pas ce que peut donner une chambre glauque !
Les valises sont défaites en partie, on est prêt pour souffler un peu mais il fait chaud ! Je vois Papa partir vers le bureau pour demander de changer de chambre demain, vers le jardin. Je sais qu’il est allé voir la mer, regarder le ciel qui ne change pas tout en étant différent à chaque saison et marcher le long de cette plage qu’il semble avoir quitté il n’y a pas si longtemps. Du temps où j’étais dans le ventre de Maman.
Teache A aime le violet
L'attache des ailes est passé inaperçue.
BALI 7 : in the air tonight
Nous sommes embarqués.
Je dors dans les bras de Maman qui va s’occuper de moi pendant le trajet. Papa interviendra lors de l’arrivée à Denpasar bien que je sache qu’il veille sur moi.
On va avoir un plat au poulet pour papa et pour maman du poisson. Papa va demander un pain de mie non ouvert d’un passager pour moi. Ce premier vol arrive à son terme. 10h45 de vol. Il est 14h45 à Seoul Inchon, une ville juste à côté de Séoul.
Mais pour mon corps, c’est juste le matin. Le temps d’attente va passer vite. On sort de l’avion où nous attend la poussette qui a été prise en charge à l’embarquement, on passe sous les portiques sans faire la file d’attente et là il faut expliquer que sur ma carte d’embarquement, il y a mon bagage mis au nom de Maman qui n’a pas le même nom que Papa. Normalement, il faut jeter l’eau, la dame nous laisse passer.
Nous voici dans l’aéroport. Tout de suite, Papa voit l’allée d’embarquement 12 mais avant on doit avoir nos nouveaux billets. On prend un ascenseur et nous voici devant le bureau de la Korean. Heureusement que l’on avait 2h30 de battement car cela va prendre plus de temps que prévu. Beaucoup plus. Visiblement il y a un problème. On doit donner les billets électroniques. Au bout d’un quart d’heure et après trois impressions mises à la poubelle, on a nos billets. Cela sera un copier coller du vol précédent : une rangée de 4 où il y a un siège de vide que j’utiliserai cette fois pendant une ou deux heures.
Avant l’embarquement, j’ai le temps de regarder les avions bleus de la Korean Air. Je peux les voir manœuvrer mais pas s’envoler car l’on n’est pas dans le bon angle. Je les vois tout de même dans le ciel.
Je tourne autour des rangées pour regarder les gens, surtout ceux qui ont une tablette numérique. Une femme me montre une photo de son chien, elle dit « cute », moi je dis « ouaf, ouaf ». Il y a aussi deux jeunes filles coréennes qui seront derrière moi dans l’avion et avec qui je lancerai des regards et sourires pour leur plus grand plaisir. Je pense qu’elles m’ont pris en photo !
Lors de l’embarquement, nous ne serons pas les premiers à passer car il y a avant nous une famille de trois enfants et un handicapé sur un fauteuil roulant. Papa me dit que j’ai la chance de ne pas être né avec un handicap, bien qu’il pense que le plus grand soit celui du manque de cœur. J’ai donc eu la chance de ne pas naître avec un manque, d’avoir une si jolie bouille que l’on me prend pour une fille, d’avoir le sourire facile qui facilite l’empathie. Mais, être beau de l’intérieur est le principal en étant aussi intelligent. C’est ce que m’apprend mon Papa.
On est dans l’avion, cela va bien se passer. J’ai la sucette. Il est 17h15. L’avion se met en place pendant un moment pour le décollage et cela est parti. Pour Maman aussi, c’est sa première fois. 7h. Arrivée prévu à 23h35, pour mon corps, il sera 17h35.
Je vais être calme et gentil, pas comme cet enfant coréen qui va pleureur au moins pendant une heure.
On va avoir droit à un repas coréen, le Bimbinglap, si je me souviens. C’est du riz avec un tout petit peu de viande auquel on ajoute une sauce de sésame, du piment (mais pas beaucoup car cela est vraiment fort) accompagné de concombre vinaigré et du lait de soja. Je crois que Papa a presque mangé les deux plateaux ! Je pense qu’il pèsera plus que nos valises lors du retour !
Il va d’ailleurs regarder un film car il ne veut pas subir le décalage horaire. TRANCE de Dany Boyle. Un film une fois de plus pas réussi (Smulldog millionnaire) par ce réalisateur qui accumule les clichés en faisant naviguer son film dans différents genres. A éviter. Par contre, ce qu’ils ont évité pour ce film, ce sont les scènes de nus car le film est adapté aux voyageurs même si la mention 19 est présente (interdit aux moins de 18 ans). Même les photos d’un livre d’art ont été floutées, de peur de voir la nudité des modèles.
Il reste une heure, nous sommes au-dessus de Jakarta, il doit pleuvoir, je dors depuis presque une heure, je crois, sur mon siège. Je me relève mais nous passons dans une zone de turbulences et là, je sens la main de mon Papa qui me retient car je m’étais redressé. Je sais qu’il veille.
Je me réveille en même temps que Maman qui a réussi à dormir mais un petit peu. J’ai senti juste avant l’arrivée, l’esprit du voyageur et de Bali s’emparait de mon Papounet. Il est prêt, au bon moment.
Un nouvel atterrissage, peut-être un peu plus sec, plus court que le précédent. La tétine et puis juste avant un dessin animé que Papa m’a montré sur l’écran m’a rassuré. Il durait en fait 45 minutes mais moi, je ne voulais voir que les deux premières ! C’est comme cela. En plus, je découvre l’écran tactile que je ne maîtrise pas encore mais bientôt, un jour car cela est facile avec les icones même écrites en coréen.
L’avion s’est posé. Les hôtesses doivent intervenir pour calmer les impatients car il faudra encore quelques minutes pour que l’avion prenne sa place dans sa zone.
Il y a eu le ciel ce soir, maintenant la terre.
Je suis prêt.
BALI 7 : nous sommes embarques
Bonjour,
Je m’appelle Gabriel, j’ai 18 mois et du haut de mes 82 centimètres, je vais partir pour 5 semaines à Bali avec mes parents. Ceci est mon carnet de voyages, pour souvenirs, pour moi, mes proches et peut-être un jour mes enfants.
Ce début de journée a été comme les autres sauf qu’au lieu de faire la sieste, on est partis la gare où j’ai pu voir des trains. J’aime bien voir passer les trains, leur vitesse m’impressionne. En ce dimanche de fête nationale il fait chaud, mais on est à l’ombre. Trois heures de trajet pour arriver directement à l’aéroport.
On a deux grandes valises remplies à moins de 23 kg, plus mon sac de moins de 10 kg et deux sacs en cabine dont un pour moi. Le tout fait le poids de mon Papa !
Mes parents ne m’ont pas tout expliqué. Je vais découvrir cela au fur et à mesure. J’ai appris à connaître le sens de « plus tard » et « attends » ainsi que le « ne bouge pas ». Mais lorsque j’ai faim, c’est ici, tout de suite. C’est le petit loup qui m’attaque mais Maman est toujours là.
Il y a aussi Gros Loup, c’est mon oncle qui ; lorsque j’étais tout petit ; prenait une voix grave pour dire mon prénom et cela me faisait pleureur mais plus maintenant car je suis grand et que je me suis habitué à lui !
Dans le Tgv, nous sommes en première classe – oui, la classe – on a pu sans difficulté mettre les valises et nos sacs. Sauf que mon Papa a dû mettre ses vertèbres a contribution pour mettre en hauteur les valises. Auparavant, il n’avait qu’un sac à dos et il a opté pour la première fois pour la valise à roulettes. Cela devrait préserver son glissement de vertèbres.
A la gare de Roissy, lorsque j’ai vu partir mon train, j’ai pleuré. Je n’ai pas compris pourquoi il partait mon train. On était bien. Mais nous voici déjà dans l’ascenseur et la direction du Terminal 2 E, vers le panneau de la Korean Air. Maintenant, on peut directement enregistrer ses bagages par une borne pour gagner du temps lors de l’enregistrement. Mais comme nos passeports ne sont pas lus par le lecteur, on doit faire la file d’attente. En fait pas longtemps car une personne nous emmène directement au guichet !
Les parents avec des mineurs ne peuvent pas s’enregistrer directement. Tout va bien pour l’instant. Les valises font un peu plus de 22 kg et ils ne pèsent pas nos bagages en cabine. Sur le site de la Korean, ils disaient 7 kg, ici c’est 12. Cela est de toutes les façons toujours trop lourd à porter.
Voilà, on a les tickets aller plus un billet pour la correspondance qu’il faudra valider lors de la correspondance. Il est déjà 20h et je regarde les avions. Il y en a beaucoup ! Je peux marcher le long du long terminal et pousser mes cris de marmotte ! Cela veut dire que je suis content. Une fois de plus, nous passons les premiers pour l’embarquement, je ne connais pas la signification de VIP mais je peux m’en douter.
Je sais que Papa se pose des questions mais c’était plus fort que lui que de retourner à Bali. Il sait que le décollage et l’atterrissage peuvent poser problèmes. La pédiatre lui a même dit que je pouvais avoir une otite, attraper une maladie dans l’aéroport et que je devais me faire vacciner. Mais, il n’y croit pas et pense que je suis fait de l’étoffe de la signification de mon prénom soit un voyageur lointain.
Un peu comme lui durant les deux dernières décennies mais cela il ne m’en a pas encore parlé.
Le décollage se passe sans aucun souci. On m’a donné ma sucette. C’est ma sucette d’il y a longtemps dont je ne veux pas changer malgré les neuves que j’ai ! C’est comme mon doudou qui ne me quitte pas pour dormir. Je ne comprends pas les mots d’objets transitionnels mais mon doudou couineur, j’en ai besoin lors du coucher.
Voilà, c’est parti, l’avion décolle. Nous sommes dans la première rangée centrale, face au mur. Dans cette rangée de 4, nous sommes trois. Il y a un siège de vide alors que je devais voyager sur mes parents. Ce que je ferai, car c’est plus rassurant.
Le décollage, c’est trop rigolo bien que je ne me rende pas bien compte. J’ai ma sucette que je tétouille. Tout se passe et se passera bien. On apporte un sac contenant une ardoise magique et un livre de gommettes dont je ne me servirai pas.
C’est l’heure du repas. Je vois bien que Papa mange aussi le plateau de Maman. La nourriture dans les avions, il faut apprécier. Mais lui, il mange !
Il commence à se faire tard. Les lumières se sont éteintes. Il y a une vingtaine de films à voir, dont la plupart sont américains mais trop de fatigue pour les regarder. Il y avait une lumière blanche provenant du haut, le gentil coréen nous a dit que l’on pouvait l’éteindre par le bouton de la télécommande. J’aime bien les télécommandes mais là, je commence à fatiguer. Je n’ai pas fait de sieste et les feux d’artifices sont désormais finis en France. Moi, je suis dans les airs et je ne sais pas encore que le long trajet d’environ 10 000 km, le voyage de 26 heures dont presque 18 en avion ne fait que commencer.
Mais comme l’avait écrit mon Papa dans son carnet qu’un jour je lirai - et pour faire référence à la dernière phrase du film de Wim Wenders dans Les ailes du désir- « nous sommes embarqués ».