1991 - 2013 : La série de victoires de l'Undertaker à Wrestlemania (The streak)
Lettre de déconfinement : Michel Houellebecq
EN UN PEU PIRE
réponses à quelques amis
Il faut bien l’avouer : la plupart des mails échangés ces dernières semaines avaient pour premier objectif de vérifier que l’interlocuteur n’était pas mort, ni en passe de l’être. Mais, cette vérification faite, on essayait quand même de dire des choses intéressantes, ce qui n’était pas facile, parce que cette épidémie réussissait la prouesse d’être à la fois angoissante et ennuyeuse. Un virus banal, apparenté de manière peu prestigieuse à d’obscurs virus grippaux, aux conditions de survie mal connues, aux caractéristiques floues, tantôt bénin tantôt mortel, même pas sexuellement transmissible : en somme, un virus sans qualités. Cette épidémie avait beau faire quelques milliers de morts tous les jours dans le monde, elle n’en produisait pas moins la curieuse impression d’être un non-événement. D’ailleurs, mes estimables confrères (certains, quand même, sont estimables) n’en parlaient pas tellement, ils préféraient aborder la question du confinement ; et j’aimerais ici ajouter ma contribution à certaines de leurs observations.
Frédéric Beigbeder (de Guéthary, Pyrénées-Atlantiques). Un écrivain de toute façon ça ne voit pas grand monde, ça vit en ermite avec ses livres, le confinement ne change pas grand-chose. Tout à fait d’accord, Frédéric, question vie sociale ça ne change à peu près rien. Seulement, il y a un point que tu oublies de considérer (sans doute parce que, vivant à la campagne, tu es moins victime de l’interdit) : un écrivain, ça a besoin de marcher.
Ce confinement me paraît l’occasion idéale de trancher une vieille querelle Flaubert-Nietzsche. Quelque part (j’ai oublié où), Flaubert affirme qu’on ne pense et n’écrit bien qu’assis. Protestations et moqueries de Nietzsche (j’ai également oublié où), qui va jusqu’à le traiter de nihiliste (ça se passe donc à l’époque où il avait déjà commencé à employer le mot à tort et à travers) : lui-même a conçu tous ses ouvrages en marchant, tout ce qui n’est pas conçu dans la marche est nul, d’ailleurs il a toujours été un danseur dionysiaque, etc. Peu suspect de sympathie exagérée pour Nietzsche, je dois cependant reconnaître qu’en l’occurrence, c’est plutôt lui qui a raison. Essayer d’écrire si l’on n’a pas la possibilité, dans la journée, de se livrer à plusieurs heures de marche à un rythme soutenu, est fortement à déconseiller : la tension nerveuse accumulée ne parvient pas à se dissoudre, les pensées et les images continuent de tourner douloureusement dans la pauvre tête de l’auteur, qui devient rapidement irritable, voire fou.
La seule chose qui compte vraiment est le rythme mécanique, machinal de la marche, qui n’a pas pour première raison d’être de faire apparaître des idées neuves (encore que cela puisse, dans un second temps, se produire), mais de calmer les conflits induits par le choc des idées nées à la table de travail (et c’est là que Flaubert n’a pas absolument tort) ; quand il nous parle de ses conceptions élaborées sur les pentes rocheuses de l’arrière-pays niçois, dans les prairies de l’Engadine etc., Nietzsche divague un peu : sauf lorsqu’on écrit un guide touristique, les paysages traversés ont moins d’importance que le paysage intérieur.
Catherine Millet (normalement plutôt parisienne, mais se trouvant par chance à Estagel, Pyrénées-Orientales, au moment où l’ordre d’immobilisation est tombé). La situation présente lui fait fâcheusement penser à la partie « anticipation » d’un de mes livres, La possibilité d’une île.
Alors là je me suis dit que c’était bien, quand même, d’avoir des lecteurs. Parce que je n’avais pas pensé à faire le rapprochement, alors que c’est tout à fait limpide. D’ailleurs, si j’y repense, c’est exactement ce que j’avais en tête à l’époque, concernant l’extinction de l’humanité. Rien d’un film à grand spectacle. Quelque chose d’assez morne. Des individus vivant isolés dans leurs cellules, sans contact physique avec leurs semblables, juste quelques échanges par ordinateur, allant décroissant.
Emmanuel Carrère (Paris-Royan ; il semble avoir trouvé un motif valable pour se déplacer). Des livres intéressants naîtront-ils, inspirés par cette période ? Il se le demande.
Je me le demande aussi. Je me suis vraiment posé la question, mais au fond je ne crois pas. Sur la peste on a eu beaucoup de choses, au fil des siècles, la peste a beaucoup intéressé les écrivains. Là, j’ai des doutes. Déjà, je ne crois pas une demi-seconde aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant ». Au contraire, tout restera exactement pareil. Le déroulement de cette épidémie est même remarquablement normal. L’Occident n’est pas pour l’éternité, de droit divin, la zone la plus riche et la plus développée du monde ; c’est fini, tout ça, depuis quelque temps déjà, ça n’a rien d’un scoop. Si on examine, même, dans le détail, la France s’en sort un peu mieux que l’Espagne et que l’Italie, mais moins bien que l’Allemagne ; là non plus, ça n’a rien d’une grosse surprise.
Le coronavirus, au contraire, devrait avoir pour principal résultat d’accélérer certaines mutations en cours. Depuis pas mal d’années, l’ensemble des évolutions technologiques, qu’elles soient mineures (la vidéo à la demande, le paiement sans contact) ou majeures (le télétravail, les achats par Internet, les réseaux sociaux) ont eu pour principale conséquence (pour principal objectif ?) de diminuer les contacts matériels, et surtout humains. L’épidémie de coronavirus offre une magnifique raison d’être à cette tendance lourde : une certaine obsolescence qui semble frapper les relations humaines. Ce qui me fait penser à une comparaison lumineuse que j’ai relevée dans un texte anti-PMA rédigé par un groupe d’activistes appelés « Les chimpanzés du futur » (j’ai découvert ces gens sur Internet ; je n’ai jamais dit qu’Internet n’avait que des inconvénients). Donc, je les cite : « D’ici peu, faire des enfants soi-même, gratuitement et au hasard, semblera aussi incongru que de faire de l’auto-stop sans plateforme web. » Le covoiturage, la colocation, on a les utopies qu’on mérite, enfin passons.
Il serait tout aussi faux d’affirmer que nous avons redécouvert le tragique, la mort, la finitude, etc. La tendance depuis plus d’un demi-siècle maintenant, bien décrite par Philippe Ariès, aura été de dissimuler la mort, autant que possible ; eh bien, jamais la mort n’aura été aussi discrète qu’en ces dernières semaines. Les gens meurent seuls dans leurs chambres d’hôpital ou d’EHPAD, on les enterre aussitôt (ou on les incinère ? l’incinération est davantage dans l’esprit du temps), sans convier personne, en secret. Morts sans qu’on en ait le moindre témoignage, les victimes se résument à une unité dans la statistique des morts quotidiennes, et l’angoisse qui se répand dans la population à mesure que le total augmente a quelque chose d’étrangement abstrait.
Un autre chiffre aura pris beaucoup d’importance en ces semaines, celui de l’âge des malades. Jusqu’à quand convient-il de les réanimer et de les soigner ? 70, 75, 80 ans ? Cela dépend, apparemment, de la région du monde où l’on vit ; mais jamais en tout cas on n’avait exprimé avec une aussi tranquille impudeur le fait que la vie de tous n’a pas la même valeur ; qu’à partir d’un certain âge (70, 75, 80 ans ?), c’est un peu comme si l’on était déjà mort.
Toutes ces tendances, je l’ai dit, existaient déjà avant le coronavirus ; elles n’ont fait que se manifester avec une évidence nouvelle. Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire.
Michel HOUELLEBECQ
Lettre lue sur France Inter le 4 mai 2020
Livres : SEROTONINE de Michel Houellebecq
Une fois de plus avec Michel Houellebecq, on est entre dans son univers dépressif et sans espoir pour son septième roman SEROTONINE.
On le recommandera à ses aficionados car son style (notamment le name dropping) est encore présent, son désespoir encore plus et sa vue sociologique sur les agriculteurs, perçante.
Les autres qui ne le connaissent pas ou qui ne l'appréciera pas, passeront leur chemin.
Pour ma part, je suis partagé entre le style d'écriture, la situation non pas désespéré (un presque cinquantenaire va changer de vie, sans en trouver une, livré au vide des sentiments et des relations) mais dépressive est lourde au fil des pages.
On pourrait reprocher à l'auteur de ne pas aller au bout d'un tabou et des passages qui fait ressentir son côté homophobes ("petit pédé" plusieurs fois écrit), misogyne (lorsqu'il parle des femmes comme des "salope") ou aller au bout d'un tabou. Le passage avec le pédophile et son manque de précaution était aussi de trop comme la fin que l'auteur n'arrive pas à conclure d'une manière brute ou abrupte.
Mais, il reste la présentation des agriculteurs acculés aux dettes voire au suicide. L'auteur sait de quoi il cause avec sa formation d'ingénieur agronome. Avec La carte et le territoire, il présentait la France comme un grand parc d'attractions ; dans ce roman, il avance la fin des agriculteurs concurrencés par plus productifs qu'eux sans que l'union européenne et les tractations n'arrivent à changer la donne.
Sérotonine fait référence à ce neurotransmetteur appelé aussi hormone du bonheur qui si elle n'est pas produite par l’organisme peut se trouver avec dans un médicament (le captorix) ayant pour effet secondaire, celui de bloquer la libido. Dans le cas du personnage principal, cela ne va pas changer grand chose.
Pas de chien mais des cigarettes, des souvenirs mais peu de bonheur, un presque mode d'emploi pour disparaître (12 000 français le feraient, devenir "invisible", presque 100 000 au Japon). Florent le fait pour quitter sa compagne japonaise qui le trompe avec des hommes, des groupes et même des chiens !
Il se remémore ses anciennes compagnes qui l'a aimées mais rien n'arrive à l'accrocher et à le raccrocher à la vie et certainement pas son seul ami de l'époque estudiantine. Il a une vue plutôt juste "Tu n'aurais pas dû prendre une fille de ton rang (aristocrate) mais une Moldave qui s’accroche à la terre". Même la Thaïlande ne peut être un havre de retraite. Rien, plus rien. L'atmosphère devient donc lourde au dernier quart du roman avec parfois l'envie d'arrêter.
On est loin des Particules élémentaires, Sérotonine serait plus proche de La carte et le territoire avec ce glissement vers le vide, sans sexualité, sans espoir mais avec le style de Houellebecq.
- Livre paru le 04/01/2019 - 352 pages - Flammarion
Livres : LE PRINCIPE DE PETER
Un des rares livres lus où sur la page de couverture, il y a tout le contenu :
"Chaque employé tend à s'élever à son niveau d’incompétence".
Qui ne connaît pas ou pas entendu parler - surtout dans l’administration - d'une personne incompétente ? Le livre nous délivre le message qu'un employé peut être compétent au niveau n mais ne l'est plus au niveau n+1 car cela nécessite d'autres compétences qu'il ne maître pas.
Après avoir lu cela, cela va être 187 pages de délayage avec une pointe d'humour dans les variations de la hiérarchologie. Le livre de poche se lit rapidement mais il n'apporte de ce que nous savions déjà car il a été écrit en 1970 par R. Hull avec les notes de L.J. Peter.
Deux remarques : à l'époque, l'auteur notait la baisse du niveau des élèves pour que tous puissent passer en classe supérieure et que dans les entreprises, il était plus naturel que le fils du patron reprenne l'affaire qu'une personne pistonnée.
Un livre que vous pouvez ne pas lire.
Série Bug
Bonjour à Tous
Voici la suite de mes mésaventures informaticiennes.
Depuis des mois, mon téléphone rejette deux appels : ceux de ma mère et de ma compagne.
On pourrait penser que c'est un problème psychanalytique mais c'est d'abord un problème gênant en cas de contact urgent.
Bien entendu, je me suis renseigné et j'ai regardé dans la liste des appels bloqués mais rien. J'avais pour être sûr de mon diagnostic changé la puce vers un autre téléphone et les appels passés.
Je suis allé dans une agence qui m'a confirmé la manipulation avant de changer de téléphone : réinitialiser.
Souci, lorsque vous réinitialisez, vous perdez tout ou presque.
J'avais attendu et je me suis lancé.
En attendant que l'appel me fasse entendre la mélodie et non l'icone avec le téléphone barré, j'essaye de me connecter à ma messagerie. Erreur, je recommence, encore faux. Il faut dire que j'ai tellement de mots de passe et que je ne suis pas à la maison pour vérifier. Précédemment, j'avais bloqué ma boîte mail et j'avais reçu un code et je pense que je l'avais laissé !
Donc, au bout de 3 tentatives, j'ai le message suivant : "suite à 5 essais votre boîte mail est bloqué. Cliquez ici pour recevoir un code". Arrivé à la maison, je passe sur l'ordinateur, je clique sur le lien de déblocage et là, je m'aperçois que la fenêtre me donne le choix de réception du code : soit sur le téléphone, soit sur une adresse mail.
Le souci, c'est que j'ai changé de numéro et que je ne l'ai pas changé sur ma messagerie, l'autre souci, c'est que l'adresse de secours de ma messagerie n'existe plus !
Je suis bloqué. Je ne peux joindre l'opérateur car je ne suis plus client !
Il ne me reste que Twitter.
Je leur soumet mes messages et ils vont me répondre ... avec 6 heures de retard. Ensuite, il leur faudra moins de temps ... entre 1 et 3 heures !
J'ai un opérateur qui me demande de confirmer mon identité adresse et nom de ma banque.
Il me répond avec deux heures de retard en me disant ... que ce n'est pas le bon numéro de banque ! Il faut dire que j'ai changé et d'opérateur et de banque principale !
Je réfléchis au moyen de prouver mon identité ...
Je leur donne leur précédent code et l’appellation de l'ancien abonnement de l'époque : 2 heures et soir et week-end illimités. Cela ne peut s'inventer. Je reçois enfin le code sur mon téléphone. Ils me changent mon numéro sur ma messagerie. Sauf que leur mot de passe ne fonctionne pas !
Car il y a écrit "MO" que j'écris "M0" avant de m'apercevoir de l'erreur.
Vous pensez que cela est terminé ... mais non car Outlook qui se connecte à ma messagerie ne le peut plus donc j'ai une fenêtre qui apparaît continuellement pour me demander et mon identifiant et mon mot de passe !
Heureusement, j'ai déjà eu ce problème et il se résoudra après la mise à jour du mot de passe de ma messagerie.
J'espère maintenant ne plus avoir à écrire sur ce genre de souci informatique !
Stephane
Je vais rarement sur les réseaux sociaux, lorsque j'y vais, je vois mes notifications afficher toujours au moins une dizaine.
Cette fois, j'y suis allé suite à un message me mentionnant "Tu as des nouvelles de Stephane, c'est vrai ??".
Je ne savais pas de quoi on me parlait !
Et puis, sur le profil de Stephane est apparu le faire-part de l'enterrement.
Il n'avait pas encore 50 ans, avait encore plus le look de viking, pas encore celui de Thor dans les Avengers et loin de Depardieu.
J'ai connu Stephane lorsqu'il était jeune, il avait un moment fait partie d'un groupe de hardcore, genre musical où ils ne doivent changer qu'une seule phrase mais de toutes façons, c'est toujours incompréhensible et inaudible.
Quelques souvenirs de celui qui avait aimé regarder du catch et dont le catcheur favori était le Big Boss Man.
Il avait fait l'armée dans un bataillon d'élite, genre de caserne qui n'a pas d'adresse. Mais il n'avait pas rempilé.
Il avait passé le BTS Force de vente et l'avait eu en points ... sauf qu'à l'oral de son stage, à la question "cette entreprise vend-elle des skis ?", il avait répondu "oui", or l'interrogateur connaissait l'entreprise ! Et il avait donc eu une note éliminatoire. Il est vrai qu'il avait préféré partir en vacances en Espagne et faire un faux rapport !
Un jour, il m'invite au restaurant : "prends ce que Tu veux !", il a payé par chèque. Mais cette fois, il n'a pas eu à fuir et à se cacher car on ne lui demandait pas une carte d'identité !
Il a quitté la France fin des années 90, pour lui, la France c'était l'Afrique ! Il est parti s'installer en Espagne et a ouvert un restaurant qui avait bonne réputation au fil des ans.
C'était une personne brute de décoffrage, les seuls livres chez lui étaient les magazines de chevaux pour sa fille. Il s'était marié et ceux qui avaient vu sa femme ne comprenaient pas son choix. Elle était allemande. Les mauvaises langues disaient qu'elle ne tenait pas dans le cadre d'une photo !
Un de ses amis qui était venu le voir pendant 2 semaines m'a dit que pendant 2 semaines, ils n'avaient pas bu une seule goutte d'eau !
La dernière fois que je l'ai eu, il m'a dit qu'il se dégoûtait de par son "vice" pour l'alcool, je lui ai répondu que le mot addiction était plus appropriée. Il m'avait demandé d'être plus présent sur les réseaux sociaux pour pouvoir chatter. Je n'ai pas pu tenir parole.
Son adresse est encore sur mon carnet, ce qui est malheureux, c'est que ce n'est pas le premier et le dernier.