Georges Pompidou, que passionnaient les voitures, voulait,
en 1971, « adapter la ville à l'automobile ».
Quelques années avant lui, la Mairie de Paris étudiait un « Plan autoroutier pour Paris » qui devait doter la ville d'un maillage de voies express.
Une crise pétrolière plus tard, seules les voies sur berges et le boulevard périphérique auront survécu (1973). Au nom de l'auto, on aura malgré tout repensé de nombreux quartiers,
parfois défigurés. Dès 1920, avec la bénédiction des riverains, Paris avait commencé à envisager l'élimination du tramway.
Place à la circulation automobile. Quatre vingts ans plus tard, demi-tour ! C'est à la voiture de s'adapter à la ville... ou de disparaître.
Dès les années 1980 dans certaines agglomérations, le tram revient en force, mais cohabite avec les bus, les vélos, le métro et... la voiture. Très ouvertement, les mairies des
métropoles, Paris en tête, rêvent de la bouter hors la ville. Cause de pollutions sonore, visuelle et atmosphérique, l'auto voit son domaine se réduire comme peau de chagrin : voies de
bus, suppression de places de stationnement, changement de plan de circulation générateurs d'engorgements.
Les Verts y puisent les armes de leur « autocide ». Paris devient un gigantesque bouchon permanent. Pour la journaliste Sophie
Coignard [1], Bertrand Delanoë, maire de
Paris, est « l'homme qui crée les embouteillages de nuit » sous la pression de ses adjoints écologistes.
Dans la foulée, la mairie et le Syndicat des transports de la région diversifient et améliorent l'offre en transports collectifs ou mettent en place des services de location de vélo (les
fameux Vélib').
Entre-temps, les Parisiens se sont rués sur les scooters et autres deux (ou trois) roues. Las ! Comble de l'ironie, un cyclo pollue d'avantage qu'une automobile. Ainsi, en janvier 2007,
les ventes de deux-roues à moteur ont progressé de 21 % en France par rapport à 2005 alors que le marché automobile est en régression permanente.
En zone urbaine, se multiplient les petites cylindrées sans permis. Alors ? Modèles réduits comme la Smart ? Ou urbaines hybrides, mi-électriques, mi-thermiques à la nippone ? La
circulation dans les villes entame à peine une évolution « à la Darwin » sous la pression (nerveuse) de la pollution, des bouchons et des radars : Delanoë compte sur l'exaspération des
automobilistes. Il est en passe de réussir...
Alexandre Lenoir, avec la Rédaction d'Economie Matin
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