… ou Tandis que j’agonise (As I Lay Dying, William Faulkner) ? Les conjugaisons d’agoniser et d’agonir sont si proches qu’elles se sont en quelque sorte interpénétrées, faisant de ces deux verbes un seul, aux contours imprécis.
Le premier, “vivre ses derniers instants”, vient du grec agonia (lutte, puis angoisse) et se conjugue en principe comme les verbes en “er”. Le second, “accabler” (d’injures, de sarcasmes), est d’origine incertaine (altération du vieux français ahonnir ?) et se conjugue en principe comme “finir”. Le Bon Usage nous indique que nombre d’auteurs ont conjugué l’un pour l’autre, et inversement : “La mère Tuvache les agonisait d’ignominies” (pour agonissait), Maupassant, Aux champs.
Et “Le Marais n’a pas oublié la masse grise du donjon du Temple où agonit le dauphin” (pour agonisa), Le Figaro, 26 mai 1973. Pour essayer de résumer la situation : on peut agonir ou être agoni, ou s’agonir moult fois, mais on n’agonise que deux fois (puisqu’on ne vit que deux fois).