RETRO : 20 000 cancers professionnels

L'Association pour la recherche sur le cancer (ARC) et la Fnath (Association des accidentés de la vie) devaient présenter, mercredi 22 mars, les premiers résultats de plusieurs études d'un programme sur les cancers professionnels commencé en 2002.

Menée en Gironde auprès de 221 personnes atteintes d'une tumeur cérébrale, comparées à 442 témoins, l'étude Céréphy sur les effets des pesticides et produits phytosanitaires est la première du genre. Elle montre que les sujets les plus exposés professionnellement à ces substances ont 2,6 fois plus de risque d'être atteints de tumeur cérébrale. Le risque est même multiplié par 3,2 pour un type de tumeur primitive du cerveau.

Les personnes déclarant traiter régulièrement des plantes d'intérieur ont aussi un risque de tumeur cérébrale multiplié par 2,6. Des analyses complémentaires sont en cours pour tenter d'expliquer ce phénomène.

Autre domaine de recherche, celui de l'exposition aux poussières de bois. Près de 200 000 travailleurs y sont quotidiennement exposés. Dans 70 % des cas, il s'agit de salariés des industries du bois, du papier ou du meuble et de l'exploitation forestière. Le financement par l'ARC a permis de construire une "matrice emplois-expositions". Nourri de données sur des milliers de types d'emplois et tenant compte des évolutions des conditions de travail, cet outil épidémiologique permet d'attribuer, pour un parcours professionnel individuel, une probabilité, un niveau et une fréquence d'exposition à un facteur donné. La proportion de cancers du nez et des sinus attribuables aux poussières de bois est de 28 % à 37 % chez les hommes. Le risque de ce type de tumeur est 40 fois plus élevé chez les ébénistes et les menuisiers que chez les travailleurs non exposés à ces poussières.

Près de 10 % des cancers en France sont d'origine professionnelle, ce qui représente 20 000 cas par an. "La proportion attribuable aux expositions professionnelles, une fois tenu compte du tabagisme et de la consommation d'alcool, s'élève à 10 à 15 % pour les cancers du poumon et à 15 à 20 % pour ceux des voies aérodigestives", rappelle le professeur Goldberg.