Petits arrangements avec les morts, c’est par ce titre et ce premier film que Pascale Ferran a été découverte en 1994. Depuis, plus rien ou presque en réalisation si ce n’est L’AGES DES POSSIBLES l’année suivante. En allant voir ce film de 2h40, j’allais donc découvrir une cinéaste, ami de Arnaud Desplechin.
Nous restons dans le littéraire car LADY CHATERLEY est tiré de la deuxième des trois versions du livre de D.H LAURENCE : 'Lady Chaterley et l’homme des bois'. Une jeune bourgeoise partage une vie terne dans château. Encore plus terne depuis que son mari revenu de la première guerre mondiale est paralysé de tout le bas du corps. Croisant le garde-chasse du domaine, une liaison charnelle va se développer. Le titre dualiste du roman fait aussi apparaître le choix du financement et de la réalisation : la version longue est pour le cinéma tandis que la mini série en deux parties passera à la télévision sur Arte.
Ce qui est marquant, c’est la différence entre les scènes classiques, pesantes, ennuyeuses – comme la scène
introductive - dans le château des Chaterley (l’action se passe en Angleterre), à la différence de celles d’extérieur, dans la nature. Une nature si douce, innocente comme Constance. La nature
qui au fil des saisons va voir poindre, éclore le désir et le plaisir. L’ensemble est filmé de manière saine, sans fausse pudeur, sans voyeurisme et culpabilité. La nature pris au sens biologique
: la force spécifique au vivant, d’où on tire sa force.
Le personnage de cette jeune femme, remarquablement interprété par Marina Hands, ne se résume pas seulement à ce plaisir (qu’elle fera évoluer de la part d’un amant rustre dans son sens
littéraire – habitant de la campagne) mais aussi à cette prise de conscience sociale, cette volonté de ne pas subir mais d’être actrice de sa vie.
En ce sens, Lady Chaterley est moderne.
On pourrait presque se passer de dialogues tellement que le décor, les corps se suffisent à eux-mêmes. D’ailleurs la scène finale, entre les deux amants n’est pas vraiment concluante surtout en ce qui concerne les paroles du garde-chasse. Loin de l’ennui et près du film qui aurait pu être parfait, c’est autant à une invitation de littérature couplée à des sentiments panthéistes dont nous sommes conviés.