Redacted Myanmar 2006

Il y a des jours où certaines situations sans que vous les commandiez ou les attendiez arrivent et donnent au voyage sa raison d'être.

Je me suis habitué - ou plutôt mon horloge interne - à me lever tôt dans ce pays. Je suis donc présent dès 8h pour le fameux petit déjeuner où je commence à moins dévorer. Je pense avoir ruiné les kilos perdus au Népal ! Trois semaines anéanties en trois jours.

Après du repos et une douche, je croise la japonaise qui va partir. Je lui donne l'adresse du blog. Etrange, moi qui aime tant les japonais, je n'ai pas 'accroché' ; peut-être le fait qu'elle soit plus canadienne que japonaise. A la  'Est-ce que ton pays te manque?', elle m'avait répondu :"seulement la nourriture et ma famille". Moi, j'aurais ajoute mes amis.

Une personne s'en va, une autre la remplace. Je croise Damien qui arrive d'INLE. Avec lui, l'après-midi, on ira faire un tour dans la capitale ainsi qu'à l'agence pour changer la date de billet retour. Lui, la repousse. Il sera 'over-stay' pour une semaine au moins. Le coût en est de 3$ par jour. Ensuite, je lui propose d'aller prendre un Soy milk au tea shop.

Bien entendu, le patron est présent. Il nous voit et c'est le remake d'hier : Soy milk, gâteau, thé, thé chinois, gâteau, cigarette et cherotte. C'est un cigare version locale : une feuille de palme qui contient du tabac, avec un filtre en papier journal le tout collé avec une colle naturelle, enfin je l'espère. C'est comme lorsque l'on est petit à la campagne et que l'on fume du bois.

Ces types de cigare sont faits manuellement. Je les ai vus faire par deux fois lors de mes deux voyages : c'est un travail répétitif, à devenir un robot. Pour ceux qui en ramèneraient avec un diamètre plus grand, il faut faire attention car le tabac a la fâcheuse tendance à crépiter.

La discussion se poursuit, je suis de la 'bande' et VIP en plus ! Et puis arrive un nouveau chinois, plus âgé. Le patron nous explique - suite à ma question - que si les musulmans ne représentent que 4% de la population, ils sont 80% dans le quartier. C'est de l'Islam 'soft' : des femmes voilées mais chaque communauté (birmane, indienne, musulmane, chinoise) vit dans le respect de l'autre.

Le patron est fier de dire à ses amis, qu'il y a 3 ans j'étais venu dans cet endroit. Le 'vieux' chinois dit alors en direction du boss : "Toi, tu as un grand coeur, tu es généreux. Si j'étais une femme, je t'attraperais et je te garderais". Et moi d'enchaîner : "Oui, si tu étais une femme tu l'attraperais ... et même si tu étais un homme !".

Rire de la table : chinois, cantonnais, européen ! Pour la seconde fois, mon humour est international (la première, c'était au Tibet dans un restaurant au sujet du film Mission Impossible)

Une nouvelle fois, le patron doit partir pour un rendez-vous. Auparavant, il nous aura dit que dans sa jeunesse, il a fait des études de physique. Ce qu'il se confirmera le lendemain en me montrant l’une de ses inventions ou reste de sa scolarité : il y a une fiole d'huile/essence qui lorsque l'on appuie un bouton (courant à basse pression) allume la mèche. Damien n'en revient toujours pas de cette invitation, lui pense au cote monétaire. Je pense différemment. Il va de son côté au cinéma voir XMEN 3, choisit une place à 1000k mais pas a 1500 car 'c'est pour les touristes'. Quelques heures avant, il aura pris à l'hôtel, un billet d'avion pour Sittwe a 73$. Je ne le reverrai plus.

Je vais manger un riz buriani au poulet, une douche, de la lecture et le sommeil viendra une nouvelle fois prendre les courts instants d'une journée pas comme les autres. La mémoire sélectionne ce qu'elle oublie. Aujourd’hui, ne sera jamais coché.