Les gentils ont toujours tort !

21.02.2011

Par J. Heska, le 17 Février 2011

Vous vous êtes fait insulter dans le bus par une mamie qui s’est sentie agressé alors que vous lui offriez votre siège ? Vous avez défendu un collègue et on vous a mis à l’écart du groupe ? On ne vous remercie jamais pour vos bonnes actions, pire, on s’en fout royalement ? Vous en avez marre d’être pris pour un idiot ? D’être trop gentil ? Vous voulez abandonner, devenir un méchant ? Arrêtez, malheureux !

À l’occasion de la sortie du roman « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir », de J. Heska, petit zoom sur cette drôle de tribu que l’on nomme « les gentils ».

« Oui, et bien quand on n’est pas capable d’assurer en réunion, on ne ramène pas sa fraise ».

Si vous aussi, vous êtes un gentil, rejoignez le mouvement (ceci n’est pas une publicité)

Ah ! Vous auriez dû lui répondre ça, ressasserez-vous dans le métro en repensant à la charge calomnieuse de Marie, l’hystérique de la compta, au caractère « franc et entier » qui ne cesse de jouer les grandes gueules pour dénoncer « la » vérité.

Si seulement Marie était un cas unique… Il y a aussi Benoît, qui prend un malin plaisir à humilier les autres et à en s’en vanter à la pause déjeuner, Georges, qui écrase tout le monde pour arriver à ses fins, ou même encore Clémentine, qui ne sait que s’épancher sur ses problèmes psychologiques pour attirer l’attention. Et selon un récent sondage, vous êtes plus de 50% des français à ressentir cette agressivité dans votre quotidien !*
Si vous vous demandez souvent ce que vous faites au milieu de tout cela, et pourquoi l’écoute, la sagesse, la réserve, la politesse, l’intelligence, bref, la « gentillesse », sont à ce point honnies dans nos sociétés actuelles, vous n’êtes pas fou, au contraire.

La tare de nos sociétés

Dans un monde où l’exubérance, l’émotionnel et la promotion de soi-même sont de plus en plus valorisés (il n’y a qu’à allumer votre télévision, si on vous oblige vous aussi à subir Grey’s Anatomy tous les mercredis soir, vous savez de quoi je parle), quelle place accorder à la gentillesse ?
Aucune. C’est une tare. La gentillesse est synonyme de faiblesse, d’insignifiance et ne doit pas mériter le respect des autres. D’ailleurs, à la question « Pourquoi ne pas être plus gentil ?» la réponse que vous donnez est la peur d’être pris pour un imbécile (41%*), suivie de celle d’être pris pour une bonne poire (36%*)… Éloquent !

Mais alors, me demanderez-vous, les yeux remplis de larmes et les mains tremblantes (désolé, j’ai un penchant pour le mélodramatique), comment agir ? Tournons-nous alors vers un expert en la matière.

Que dirait maître Yoda ?

Maître Yoda, ou Zoltan, l’esprit extra-terrestre ascensionné chargé de répandre la paix et l’amour sur Terre, ou encore, Yong, le moine bouddhiste tibétain, affirmeraient grosso modo la même chose : il faut se libérer des contraintes terrestres, aimer son prochain, embrasser son bourreau, apprendre à s’extasier du vol nocturne d’un papillon recherchant l’infinie sagesse dans la lumière des phares d’une voiture et qui…

Malgré ce discours (juste un poil) déconnecté de nos préoccupations quotidiennes, il y a tout de même une idée intéressante à retenir : ne pas renoncer. Il faut assumer sa gentillesse, ne pas se fermer, et accepter d’avoir un cran de retard par rapport à la bêtise, d’être pris pour un imbécile, ou une bonne poire… Et c’est prouvé scientifiquement, la gentillesse, c’est bon pour la santé !
Vous pouvez aussi créer une organisation chargée de traquer et de persécuter les méchants selon des critères établis. Mais maître Yoda, contre cette idée, serait. C’est pourtant ce que fait Jérôme, le héros du roman « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir », avec de drôles de conséquences…

Restons de simples héros du quotidien. Et un jour, vous verrez, les gentils ne se feront vraiment plus avoir.

* Les Français et la gentillesse, TNS Sofres, 16.11.2010

J. Heska est un auteur (enfin, il aime à le croire) qui se déchaîne régulièrement sur son blog dans des histoires extraordinairement banales du quotidien et des mondes idéaux.
Cette semaine, il dégaine l’artillerie lourde en sortant son premier livre « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir », et revient avec nous sur cette étrange vérité avec beaucoup d'humour.

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