Sous le signe du renard
Pour sa sixième réalisation, Wes Anderson passe à l’animation, celle de l’image par image, technique à l’ancienne des marionnettes à poils à l’aspect anthropologique décontenançant (le baiser).
Tiré d’une histoire de Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie, James et la pêche géante), un renard se voit traquer par 3 fermiers-éleveurs (un gros, un petit, un maigre) pour avoir volé à chacun d’eux leur production (poule, volaille, cidre). Son entourage en subit les conséquences qui pourraient être fatales.
Wes Anderson s’est approprié cette aventure, l’a enrichie pour en tisser ses thèmes de prédilection que sont la famille, le couple, la filiation, sa place dans la fratrie, voire. Mister Fox, rusé et voleur, est fort sympathique à la différence des fermiers affublés de tares. Ce n’est pas la vie aquatique, l’action se passe en sous-sol car toute la bande est prise au piège.



Film pour enfants qui fera le plaisir des adultes (l’inverse est aussi possible), car il y a relations et tensions à l’intérieur du foyer avec des protagonistes typés comme il se doit dans ce conte faisant jouer les qualités de chacun. La voix chaude de Georges Clooney (en version originale) donne un côté posé à cet animal optimiste ne pouvant résister à ses instincts sauvages (rires assurés lors des repas). Côté voix, on retrouve la bande d’Anderson à savoir Bill Murray, Owen Wilson, Jason Schwartzman sans qu’il ne s’oublie (rôle de Bellette) ! La mise en scène est plongeante, souvent en travelling avant comme le déroulement des faits.
Les rires viennent des rapports entre les personnages, d’une certaine connotation sexuelle (la perte de la queue, le fils ‘différent’, l’allusion aux tiques, le rat), l’électrocution, les yeux virant en croix et pour finir une grossesse (souvenons-nous de La vie aquatique).
On est proche du cartoon et encore plus de l’homme, de la solidarité, de la survie vers la fin sans que le bonheur de voir ses peluches parler ne cesse. Car il peut y avoir mésentente, rivalité mais sans que l’on aboutisse à une discorde dans cette famille que ce soit dans le couple (ne plus être un voleur), avec le fils demandant à être reconnu pour peut-être ce qu’il n’est pas, dans les relations entre ce dernier et le neveu zen si parfait (la méditation de Dardjeeling limited) pouvant pourtant être triste, sans oublier les compagnons de Mister Fox (lapins, furets, blaireaux, castor, opossum).
Le film serait comme la cagoule que porte les animaux : derrière le masque, une fragilité, une diversité et surtout une humanité. Le spectacle reste jouissif prouvant une fois de plus l’étendue du talent du réalisateur restant en ce XXIe siècle le plus doué de sa génération.