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29 Octobre 2010
Si vous me demandez si l’on peut coucher grâce aux réseaux sociaux… je vous répondrais que les réseaux sociaux ont été créés pour que l’on puisse coucher.
Et pour notre leçon d’aujourd’hui, nous allons principalement utiliser Facebook et Spotify.
Tout d’abord il est important d’inviter des personnes que vous ne connaissez absolument pas sur Facebook.
C’est grâce à cela que, ce soir, je me retrouve en tête à tête avec Amanda Dean, jeune femme âgé de 24 ans, athée, intéressée par les hommes, à la recherche d’amitié, habitant dans la même ville que moi et -le plus important- en ce qui concerne sa relation de couple : c’est compliqué. Elle est amie avec 98 personnes dont une certaine Sandra Evan. Je ne connais pas cette dernière, mais c’est en tant que l’un de ses amis que je me suis présenté à Amanda.
J’étais sur Facebook, j’ai vu que Amanda était connectée au chat et j’ai été lui parler. Elle me demande « qui êtes-vous ? », je lui répond que je suis un ami de Sandra Evan, que l’on s’est rapidement vu à une fête d’anniversaire chez Sandra.
« Ah oui, dit-elle. Je me souviens de toi »
A ce stade de la conversation, je sais qu’elle a été voir mon profil et a regardé les 3 photos qui sont dans mon album. Elle a dû aimer ce qu’elle y a vu puisqu’elle prétend se souvenir de moi
(qui n’était évidemment pas là) et elle ponctue maintenant ses phrases de smiley.
Elle me demande ce que je fais dans la vie.
Je pourrais lui dire que je suis policier, pompier, commercial, dans les assurances. Mais ce serait choisir la facilité. Son profil LinkedIn m’informe que Amanda travaille pour une ONG qui aide
des enfants défavorisés, et elle a rejoint une page Facebook pour la défense des otaries.
J’ai laissé la case « employeur » vide sur mon profil Facebook. Je lui dit que je suis avocat défenseur des droits de l’Homme.
Elle semble impressionnée.
Nous ne sommes pour l’instant que deux personnes sur un ordinateur à plusieurs kilomètres de distance en train de taper du texte… c’est innocent.
Sauf que je lui propose de se voir, d’aller poursuivre la discussion dans un restaurant. J’ai commencé la conversation à dessein à 19:50… je lui dit maintenant que j’ai très faim et qu’il faut que j’aille me restaurer. Autant que l’on fasse ça à deux.
A ce moment là, je la sens réticente. Lorsqu’une vague discussion sur Internet à échanger quelques évidences devient un dîner en tête à tête avec un inconnu… c’est toujours un peu
impressionnant.
Je compulse rapidement les différentes données que j’ai sur Amanda. Je passe en revue les différentes photos de ses albums. La jeune femme est taguée dans un album appelé « Anniversaire
Amanda » où l’on voit l’enseigne d’un restaurant : le Flanagan. Sur ces photos, elle a l’air de bien s’amuser… on la voit riante devant une assiette de fruits de mer gigantesque.
« -J’aimerais bien aller au Flanagan, que je lui dis. On m’a beaucoup parlé de leur fruits de mer. »
Elle s’exclame que c’est dingue, c’est l’un de ses restaurants préférés.
Avant même qu’elle dise cela, j’avais déjà tapé ma réponse :
« -Sans blague ?! »
Elle cède devant l’idée d’aller au Flanagan et me demande si je sais où le restaurant se trouve ».
Je lui répond « bien sûr » alors que je n’en ai aucune idée. Je sais juste que cela ne doit pas être très loin.
5 minutes plus tard je suis dans la rue. Une personne passe devant moi et je pourrais lui demander si elle sait où se trouve le Flanagan… mais pourquoi mettre en place cette brève interaction
humaine alors que l’on pourrait s’en passer. Je sors plutôt mon iPhone de ma poche et ouvre l’application Around Me pour lui demander où se trouve le restaurant en question. De toute façon,
l’écran glacée me répond de manière beaucoup plus satisfaisante que ne l’aurait fait aucun passant
J’arrive au Flanagan avec quelques minutes de retard, Amanda est devant l’entrée et m’accueille avec un petit sourire timide.
Nous entrons et nous mettons tout de suite à table. Je commande la même chose qu’elle par mimétisme.
Elle commence par me poser une question sur mon métier à laquelle je répond. Je termine de parler et il y a un moment de vide. Je me rends compte qu’elle pourrait trouver cela impoli si je ne lui
demande pas en retour quelque chose sur elle. Je la questionne sur son métier et elle se met aussitôt à parler. Je ne l’écoute pas.
Il faut bien comprendre que je ne suis pas égoïste, égocentrique ou que je ne m’intéresse pas à la vie des autres. C’est juste que j’ai pris l’habitude de faire une recherche Google pour chaque
personne que je suis sur le point de rencontrer. Je connais ses goûts, le parti politique auquel elle adhère, où elle travaille, même sa personnalité transparaît des centaines de statuts qu’elle
a posté sur le mur de ses amis. De quoi pouvons-nous encore discuter ?
Par pure politesse, je lui demande ses goût musicaux, ses films et livres préférés.
Sans surprise, elle me récite la rubrique « Intérêts » de son profil Facebook… elle les cite juste dans le désordre.
Pendant que je ne l’écoute pas, je pense à toutes les playlists Spotify d’Amanda que j’ai écouté pendant que nous discutions sur Facebook… juste pour m’assurer d’avoir l’élément qui fera terminer
cette soirée autrement que par un baiser sur la joue.
Evidemment ces playlists Spotify étaient à l’image de la liste de ses musiques préférées dans Facebook, sauf qu’elle avait beaucoup de pistes de Duran Duran sur Spotify et elle ne mentionnait pas
l’artiste sur Facebook.
Lorsqu’elle me demande ce que j’écoute de mon côté. Je lui répond que j’ai un peu honte de ça, mais que j’aime beaucoup les classiques des années 80. J’ajoute dans un souffle :
« -Duran Duran par exemple ».
Son visage s’illumine, elle sourit :
« -C’est dingue, j’adore aussi ce groupe ».
Auparavant, les personnes de mon espèce devaient faire preuve d’une grande aptitude à la psychologie pour réussir au premier rendez-vous à cerner une femme. Aujourd’hui, votre réussite ne tient qu’à vos talents dans la recherche d’information.
A ce moment là, je suis tellement absorbé par mes pensées qu’Amanda s’en rend compte. Elle me demande :
« -Est-ce que tout va bien ? »
« -Oui oui, c’est juste que je me disais que je n’avais pas passé un aussi bon moment depuis longtemps… depuis… »
Elle tend l’oreille d’un air compréhensif. Elle pense que je suis en train de me confier. Si cette soirée était une partie d’échec, je viendrais de placer mon fou en B4, avec sa reine en ligne de
mire.
Tout est calculé. J’ai vu les messages qu’elle laisse à ses amis quand ils viennent de connaître une déception amoureuse. Elle est tellement empathique.
A ce moment je lui parle de ma rupture avec une fille du nom de Samantha.
Sur son visage, il y a cette expression sincère qui montre qu’elle me comprend, qu’elle compatis à ma douleur.
Elle pose sa main sur la mienne en me débitant des paroles gentilles que je n’écoute pas.
A ce moment là, je me demande dans quelle position elle préfère faire l’amour : levrette, missionnaire,… Facebook, Twitter & Spotify restent muets sur la question (même si au quizz Facebook
« Quel personnage de série êtes-vous ? », le résultat pour Amanda était David de Six Feet Under et cette réponse est suffisante pour me donner des idées).
Cette idée est tellement excitante : enfin une chose que je ne peux pas savoir grâce aux réseaux sociaux.
Peut être qu’un jour un développeur de génie reviendra avec un réseau social du sexe qui pourra vous informer sur les positions préférées de vos amis avec des messages tel que : Stéphanie préfère
« telle position » à « telle autre »… quel plaisir.
En attendant, les préférences sexuelles d’Amanda sont la seule inconnue qu’il me reste. Je lui souris. Le repas est terminé et je finis mon verre de vin en lui proposant de continuer à discuter
dans un endroit plus calme.
Encore une fois sans trop de surprise, je l’entends me proposer d’aller dans son appartement…