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Sale, sale Noël : la grande dépression de Vic Chesnutt a fini par avoir sa peau en le poussant à une nouvelle tentative de suicide, cette fois définitive. Mort dans la nuit du 25 décembre, il ne sortira plus jamais sorti du grand silence.
C'est, cette fois, définitif. Les médias anglo-saxons avaient annoncé hier le sérieux coma dans lequel le songwriter américain Vic Chesnutt était
plongé depuis la nuit dernière : quelques annonces et démentis ont nourri la rumeur et les inquiétudes tout au long de la journée, avant que son label Constellation ne coupe court aux
contradictions en annonçant ce soir, de manière aussi officielle que triste, le décès de l'Américain,
auteur depuis le début des années 90 d'une quinzaine d'albums dont la rare grâce et l'abyssale tristesse ont marqué à jamais les âmes sensibles. Pour ceux qui connaissent le bonhomme, pur ceux
qui ont suivi ses affres permanents, la cause de son départ brutal n'est malheureusement que la conclusion implacable d'un parcours et d'une personnalité chaotiques et torturés : un suicide.
Pas la première tentative, mais malheureusement l'ultime.
La première sale nouvelle est venue de son amie de longue date et tête pensante des Throwing Muses, Kristin Hersh, qui a publié hier sur son Twitter une poignée de signes d'une violence émotionnelle rare : "Une autre tentative de suicide, ça n'annonce rien de bon
-s'il survit, il pourrait y avoir des dommages cérébraux. Cette fois, c'est réellement effrayant : *cette* fois, il a laissé un mot, *cette* fois, il leur a demandé de m'appeler." Elle a
continué, les heures suivantes, à donner quelques brèves nouvelles, a même fait s'illuminer un vague espoir dans les esprits des admirateurs -"la situation est complexe et triste, mais
il reste un peu d'espoir" y avait-elle ainsi posté quelques heures avant le dernier souffle.
Cloué sur un fauteuil roulant depuis ses 18 ans et désormais âgé de 45 ans, habitant comme R.E.M. à Athens, en Georgie, où Michael Stipe l'a découvert et produit, Chesnutt était connu pour ses
états dépressifs aussi chroniques que sévères -il expliquait ainsi dans une interview donnée aux Inrocks il y a une quinzaine d'années que son état instable poussait sa femme à constamment
devoir cacher les couteaux dans leur maison. Malgré quelques récents et grandioses concerts donnés avec les brillants Silver Mt. Zion, camarades du dernier label à avoir hébergé son spleen
intégral, Constellation, malgré deux album parus cette année (At
the Cut et Skitter on Take Off), Chesnutt
restait criblé de dettes, notamment hospitalières, était en permanence englué dans ses dépressions violentes, et ne parvenait plus depuis quelques années qu'à toucher un public constitué
de vieux admirateurs et de nouveaux fans de plus en plus éparses. Cette confidentialité et le poids du noir indécollable auront donc peut-être raison de son âme déjà triste : paix à
lui.
Ceux qui désireraient le saluer en l'écoutant peuvent aller télécharger six de ses plus récents morceaux en cliquant ici, et une grande partie des chroniques que nous lui avons consacré est lisible
ci-dessous.