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LASTDAYS

20 ans déjà ! Bali, chaîne de Jérôme Garcin, Cinéma et séries d'antan pour 2025.

Hommes et chimpanzés des goûts communs (2008)

Comment peut-on apprécier le chou de Bruxelles ? Cette question cardinale, qui partage les humains (Homo sapiens), divise aussi les chimpanzés (Pan troglodytes). Au sein des deux espèces, on trouve en effet aussi bien des individus sensibles à la forte amertume du PTC (phénylthiocarbamide) - présent, notamment, dans le chou de Bruxelles - que des sujets n'étant pas sensible.

Pourquoi ? Chez l'homme, les causes de la sensibilité variable au PTC sont connues : deux mutations du gène TS2R38 sont impliquées dans la synthèse des récepteurs de cette substance. Par analogie, une bonne part des biologistes pensaient que ces deux variants génétiques étaient à l'origine du même dimorphisme chez le chimpanzé. Mêmes effets, mêmes causes, en somme. L'hypothèse était d'autant plus plausible que Pan troglodytes et Homo sapiens partagent un ancêtre commun qui, il y a plusieurs millions d'années, aurait pu acquérir ces deux mutations de TS2R38 et les léguer à ses deux espèces filles.

Plausible enfin car il peut être utile aux mammifères de développer, tôt dans leur histoire évolutive, la sensibilité à l'amertume pour détecter d'éventuels produits toxiques - souvent amers - dans leur alimentation. Plausible, l'hypothèse n'en était pas moins fausse.


C'est ce que démontrent, dans l'édition du jeudi 13 avril de la revue Nature, des chercheurs américains et allemands. Ces biologistes ont fouiné dans le génome du chimpanzé et, plus précisément, ont analysé la variabilité du gène TS2R38 en fonction de la sensibilité d'une quarantaine de singes à l'amertume du PTC. Les chercheurs observent que ce gène est effectivement impliqué dans la discrimination des deux populations - sensible ou insensible au produit. Cependant, ce sont deux mutations différentes - sans rapport avec celles rencontrées chez l'homme - qui séparent les singes refusant l'adjonction de PTC dans leur alimentation de ceux qui ne la décèlent pas.


Conséquence : ces traits gustatifs identiques, acquis par les deux espèces, l'ont été indépendamment et parallèlement, et ne proviennent donc pas d'un ancêtre commun. "C'est l'une des très rares situations où le même trait phénotypique est partagé par deux espèces, mais où il est causé par deux mécanismes distincts de différenciation génétique", conclut Lluis Quintana-Murci, généticien des populations, chercheur à l'Institut Pasteur.

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