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10 Avril 2006
Dans le milieu médical parisien, l'idée, lancée par Gilles Johanet, ancien directeur de la Caisse nationale d'assurance-maladie aujourd'hui patron de la branche santé des AGF, de proposer une assurance-maladie très haut de gamme fait des vagues. Le concept d'Excellence santé - c'est son nom - est simple : des "pontes" de la médecine pour VIP. Pour une cotisation annuelle de 12 000 euros - 4 000 euros pour le conjoint et 2 000 euros par enfant -, les adhérents seraient orientés, dans des délais relativement rapides, vers les "meilleurs" spécialistes du secteur conventionné.
Pour mettre au point ce nouveau produit, qui s'adressera à mille cadres dirigeants d'entreprise, Gilles Johanet doit donc constituer un réseau de deux cents praticiens, les meilleurs dans leur domaine. Pour y parvenir, il a fait appel à Pierre Godeau, professeur réputé de médecine interne. A charge pour lui d'ouvrir son carnet d'adresses et de trouver les confrères prêts à participer à Excellence santé.
"J'ai été contacté mais j'ai décliné l'offre", raconte le professeur Gabriel Steg. "Je suis très mal à l'aise avec cette initiative mais pas pour autant scandalisé, nous sommes dans un monde compétitif même pour la santé", résume ce cardiologue de l'hôpital Bichat. Autour de lui, ses collègues sont "en général très hostiles à ce projet". Le Pr André Grimaldi se dit "choqué" par ce dossier parce qu'il "viole l'éthique médicale et remet en cause le principe de solidarité". Mais cette idée des AGF n'étonne pas ce chef du service de diabétologie de l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière : "C'est dans l'air du temps. Cela traduit une américanisation du système de soins et, plus grave encore, une américanisation des esprits." Selon lui, ce sont les règles du jeu qui sont en train de changer : "Dans la partie qui se joue à trois (financeurs, usagers, soignants), on est en train de passer du duo médecins-malades d'un côté, financeurs de l'autre, au duo financeurs-médecins face aux patients : à ces derniers de se débrouiller en fonction de leurs moyens."
"Les grands patrons se font soigner sans attendre, la clientèle visée par les AGF n'a pas besoin d'Excellence santé pour avoir un rendez-vous", lance un urologue. "C'est vrai qu'il y a des réseaux, qu'on reçoit des coups de téléphone, cela a toujours existé", atteste Bernard Debré, député (app. UMP) et chef de service d'urologie à l'hôpital Cochin. "Dans mon service, même en secteur privé, je ne prendrai pas les Excellence santé en priorité", assure-t-il.
En sous-entendant que "plus c'est cher mieux on est soigné", les AGF se trompent, insistent bon nombre de médecins pour qui le montant des honoraires n'est pas un signe de compétence. "Il n'y a pas de rapport entre ce que vous payez et la qualité de l'acte", souligne Guy Vallancien.