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Chaque fois que je lis Jean Daniel, j'ai l'impression d'être à bord d'une fusée qui me fait découvrir toutes les dimensions de notre monde. J.D. est notre pic de La Mirandole" : ce commentaire est signé d'un certain Laurent M. et figure dans l'espace "réactions" ouvert aux lecteurs du Nouvelobs.com en fin d'article. "Face aux sollicitations, témoignages d'amitié et d'admiration, Jean Daniel a su rester un homme simple et modeste. Ce comportement est digne d'éloges tant il est isolé dans le monde", écrit un autre internaute.
Quarante-six réactions, pour la plupart aussi obséquieuses qu'hilarantes, figurent ainsi sur le site de l'hebdomadaire. L'attentat en flagornerie est revendiqué par les Fatals flatteurs, réunis en brigade internationale, la BIFF, en cours de constitution : "Le site du Nouvel Observateur fait la promotion d'une émission de France Culture qui "propose à des philosophes, écrivains ou journalistes d'éclairer les auditeurs sur la personnalité de Jean Daniel (cofondateur du... Nouvel Observateur)". Les Fatals flatteurs ont répondu à l'appel de la flatterie."
Les actions de la brigade sont exposées par leurs auteurs sur le site Internet du bimestriel, Le Plan B, "journal critique des médias et d'enquêtes sociales" dont le directeur de la publication est Gilles Balbastre, ancien journaliste reporter d'image (JRI) à France 2.
Le site du Nouvel Obs n'est pas la seule cible des Fatals flatteurs. Ceux de France Inter, Marianne, Libération sont aussi des terrains de jeu pour la brigade. En août, Libération publie deux tribunes d'André Glucksmann et de Bernard-Henri Lévy sur le conflit en Géorgie. Les Fatals flatteurs interviennent vite dans l'espace "réactions" du site du journal pour saluer la perspicacité des auteurs. Extrait : "André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy cumulent leurs vastes compétences de philosophes, d'historiens et de stratèges pour nous faire un exposé limpide d'une situation complexe. Ils sont les indispensables pédagogues de ce siècle."
Quelques jours plus tard, Alain Minc écrit à son tour dans Libération sur la question géorgienne. Les Fatals flatteurs se déchaînent, et les réactions tombent dru : "Le cerveau d'Alain Minc est comme un volcan en suractivité. Cet homme est un phénomène rare. A quand un film sur la vie d'Alain Minc ?" ; "Alain Minc est un laboratoire d'idées à lui tout seul. Aux Pays-Bas, il nous fait souvent penser à notre illustre Spinoza. On se demande parfois si ce n'est pas Spinoza qui a lu Minc"...
La BIFF, qui recrute actuellement de nouveaux "militants", n'a pas souhaité répondre à nos questions, indiquant simplement, dans un courriel, qu'elle n'"accorde aucun entretien, fût-ce à un journal aussi dévoué au service de la vérité que Le Monde".