20 ans déjà ! Bali, Jérôme Garcin, Cinéma et séries d'antan
Par Kitano
En avant-première la critique de ce film que j’ai vu – pour être honnête – en version originale sous titrée anglais sur écran télé à Bali.
On peut penser que le système MOORE qui consiste à traiter d’un sujet polémique soit la marque de fabrique du cinéaste qui partant d’un constat vérifiable arrive à l’universel. Cela n’est
pourtant pas exempt de reproches : manipulations avec l’émotion, raccourcis faciles, mise en scène genre documentaire réalité.
Ce film réunit une nouvelle fois ces ingrédients de l’auteur américain (il est producteur, scénariste, réalisateur)
en traitant après la violence (Bowling for Columbine), la violence terroriste (Fahrenheit 9/11), de la violence sociale. Le thème est simple : près de 50 millions d’américains (selon l’auteur – 47 selon certaines
sources) n’ont pas de couverture sociale. Donc, si vous vous êtes coupés des doigts, il faudra choisir selon votre budget (12 000 $ ou 60 000 $ selon le doigt).
Sûrement parce qu’il fait écho dans le débat dans notre pays sur la protection sociale, le film de Michael MOORE
soulève un fort intérêt. D’autant plus que l’on nous montre un classement où la France est classée comme meilleur pays au monde pour son système de santé. On pourrait ajouter que cela semble
logique puisque nous avons la longévité la plus élevée du monde, juste derrière le Japon.
Le film va donc montrer différents systèmes de protection de santé : américain, canadien, anglais, français et
cubain. La différence entre les premiers et les derniers est simple : un système équilibré qui laisse sur le chemin voire sur le trottoir les personnes démunies, tandis que l’autre protège
tout le monde (mais est en déficit pour la France).
Dans le système d’assurance américain, pour être assuré, encore faut-il répondre à certains critères qui sont
mentionnés dans un questionnaire qui contient une trentaine de pages dans le contrat. Des cas terribles sont présentés : une attente pour une transplantation qui fut décidée trop tard pour
le patient, cette petite fille emmenée d’urgence dans un hôpital privé qui refusera de la soigner. Elle décédera à l’arrivée de l’hôpital public à cause du retard. Le témoignage est touchant.
Le film s’organise par parties géographiques comme mentionnée auparavant. Nous voyons donc des américains
aller se faire soigner au Canada (dont l’un libéral n’est pas gêné par la prise en charge des autres), nous apprenons qu’en Angleterre le forfait à payer par ordonnance est de 6.65£ (soit 10€)
sans rien avoir à payer pour l’hôpital. Michael Moore explique cela par des origines historiques (les conséquences de la deuxième guerre mondiale pour l’Angleterre). La socialisation du risque de
santé n’est pas à l’ordre du jour de l’autre côté de l’Atlantique bien qu’il y eût des avancées pour les personnes âgées.
Michael Moore sera étonné (ou fera semblant de l’être) de savoir qu’une fois les cotisations payées, en France on ne
débourse rien (enfin dans ce qu’il a entendu) et plus encore que le ‘gouvernement’ aident à payer des personnes pour certaines tâches privées. Là, le film prend une nouvelle fois une tournure
politique en montrant que le peuple français sait contester contrairement aux Etats-Unis où une personne de gauche avancera l’idée que l’on canalise ce peuple avec la peur et la
démoralisation.
Enfin le film finit par un mélange de secouristes du 11 septembre qui ont des séquelles de leur bravoure, de la
prison de Guantanamo et du système de santé cubain. Forcément, les larmes sont en rendez-vous.
Le film a des faiblesses ou les défauts des précédents mais cette fois,on est d’emblée impliqué (comme dans la
première scène réaliste) même si les ficelles du système MOORE sont classiques. Le film servira davantage à sensibiliser les américains et peut-être à nous faire prendre conscience de l’immense
chance que nous avons d’être en France et d’avoir ce système (‘c’est injuste’ dira une américaine vivant à Paris par rapport à ses amis restés aux Etats-Unis).
La qualité de ce film provient de l’émotion et de la démonstration que fait passer Michael MOORE, mettant au premier plan l’humanisme. Un autre monde est possible. En allant voir SICKO, c’est une marque de sensibilisation pour les uns et de confirmation que la lutte pour des valeurs et des systèmes doit se poursuivre.
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