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27 Mai 2010
Après l'Amazonie, dont la déforestation contribue aux trois quarts des émissions de GES du Brésil, le bassin du Congo subit à
son tour une exploitation industrielle accrue.
A cause d'une situation politique compliquée et de conflits, le deuxième plus grand massif de forêts tropicales au monde était jusqu'ici peu exploité.
Mais, selon une étude américaine du centre américain Woods Hole Research, publiée dans la revue Science du 8 juin, près de 30% de cette forêt, soit 600 000km² (plus que la surface de la France), sont livrés à l'exploitation du bois.
Grâce à des images satellites, l'équipe conduite par Nadine Laporte a observé la progression des routes forestières en Afrique centrale. En moyenne, elles représentent 38 % de la longueur totale de toutes les voies de circulation, et même 60 % au Gabon et au Congo-Brazzaville.
Les chercheurs estiment que leur construction est passée de 156 km par an entre 1976 et 1990 à 660 km par an depuis 2000 au Congo-Brazzaville et de 336 km par an entre 1986 et 1990 à 456 km par an entre 2000 et 2002 en RDC (République Démocratique du Congo).
Ces routes sont autant de portes d'accès pour les braconniers et autres exploitants illégaux. Pour Alain Karsenty, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, "l'exploitation commerciale du bois n'est pas un facteur de déforestation".
D'autant qu'un à deux arbres par hectare, d'espèces ciblées, est prélevé. "Il y a plus un risque d'érosion de la
biodiversité que de déforestation. Les arbres qui ont une grande valeur commerciale, comme l'afrormosia, le doussié ou le moabi, sont recherchés et menacés de surexploitation. Dans le même
temps, beaucoup d'espèces comme le fraké, le tali ou le tola sont sous-exploitées, car leur valeur commerciale n'est pas suffisante."
Greenpeace ne voit pas l'exploitation forestière du même œil, surtout en République démocratique du Congo, pays qui concentre les deux tiers de la forêt tropicale africaine. Dans un rapport paru en mai, l'ONG dénonce "le pillage des forêts du Congo". Elle estime que "l'industrie du bois compromet l'avenir de cet espace essentiel pour les hommes, la biodiversité et l'équilibre du climat".
Ainsi, la RDC pourrait perdre 40% de ses forêts et, "d'ici à 2050, la déforestation en République démocratique du Congo libérerait jusqu'à 34,4 milliards de tonnes de CO2", selon Greenpeace.
Reste à trouver le moyen de concilier le développement des populations locales, qui passe souvent par la construction de routes, et les impératifs environnementaux. "Il y a un équilibre à trouver pour gérer les concessions et exploitations tout en régulant le braconnage, en association avec les populations locales", explique Alain Karsenty.
Exemple peut être pris sur l'Etat brésilien d'Amazonas, qui a promulgué, le 5 juin, une loi sur le changement climatique. Celle-ci instaure une "bourse forêt" rémunérant les habitants qui protègent l'Amazonie. Autre initiative, annoncée lundi 11 juin : la Banque mondiale prépare un fonds international doté d'au moins 250 millions de dollars pour lutter contre la déforestation.