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6 Juin 2020
Une fois de plus avec Michel Houellebecq, on est entre dans son univers dépressif et sans espoir pour son septième roman SEROTONINE.
On le recommandera à ses aficionados car son style (notamment le name dropping) est encore présent, son désespoir encore plus et sa vue sociologique sur les agriculteurs, perçante.
Les autres qui ne le connaissent pas ou qui ne l'appréciera pas, passeront leur chemin.
Pour ma part, je suis partagé entre le style d'écriture, la situation non pas désespéré (un presque cinquantenaire va changer de vie, sans en trouver une, livré au vide des sentiments et des relations) mais dépressive est lourde au fil des pages.
On pourrait reprocher à l'auteur de ne pas aller au bout d'un tabou et des passages qui fait ressentir son côté homophobes ("petit pédé" plusieurs fois écrit), misogyne (lorsqu'il parle des femmes comme des "salope") ou aller au bout d'un tabou. Le passage avec le pédophile et son manque de précaution était aussi de trop comme la fin que l'auteur n'arrive pas à conclure d'une manière brute ou abrupte.
Mais, il reste la présentation des agriculteurs acculés aux dettes voire au suicide. L'auteur sait de quoi il cause avec sa formation d'ingénieur agronome. Avec La carte et le territoire, il présentait la France comme un grand parc d'attractions ; dans ce roman, il avance la fin des agriculteurs concurrencés par plus productifs qu'eux sans que l'union européenne et les tractations n'arrivent à changer la donne.
Sérotonine fait référence à ce neurotransmetteur appelé aussi hormone du bonheur qui si elle n'est pas produite par l’organisme peut se trouver avec dans un médicament (le captorix) ayant pour effet secondaire, celui de bloquer la libido. Dans le cas du personnage principal, cela ne va pas changer grand chose.
Pas de chien mais des cigarettes, des souvenirs mais peu de bonheur, un presque mode d'emploi pour disparaître (12 000 français le feraient, devenir "invisible", presque 100 000 au Japon). Florent le fait pour quitter sa compagne japonaise qui le trompe avec des hommes, des groupes et même des chiens !
Il se remémore ses anciennes compagnes qui l'a aimées mais rien n'arrive à l'accrocher et à le raccrocher à la vie et certainement pas son seul ami de l'époque estudiantine. Il a une vue plutôt juste "Tu n'aurais pas dû prendre une fille de ton rang (aristocrate) mais une Moldave qui s’accroche à la terre". Même la Thaïlande ne peut être un havre de retraite. Rien, plus rien. L'atmosphère devient donc lourde au dernier quart du roman avec parfois l'envie d'arrêter.
On est loin des Particules élémentaires, Sérotonine serait plus proche de La carte et le territoire avec ce glissement vers le vide, sans sexualité, sans espoir mais avec le style de Houellebecq.