20 ans déjà ! Bali, Jérôme Garcin, Cinéma et séries d'antan
Par Kitano
L’an dernier, le personnage de l’été était le geek que l’on croisait à chaque coucher de soleil. Comme il avait le sourire, comme il avait l’air heureux avec son indonésienne, sûrement son plus bel été (au geek, pas à l’indonésienne !). Il était dans l’illusion de la balitude.
Cet été, on change de registre, on a un champion du monde et il est français, franco-suisse, il s’appelle Pol mais son histoire ne prête pas à sourire, pas du tout.
C’est donc cet énergumène que l’on a entendu chanter tard dans le soir. On l’a eu deux nuits comme voisin. Puis, il est parti et revenu mais dans un autre bungalow.
Entre temps, il a perdu son portable et sa carte bleue. L’argent de la vente de son surf a aussi disparu car mentalement cette personne n’est pas stable.
POL mesure environ 1.75 mètre, d’allure sportive, il a un bermuda qui laisse voir le bas de ses fesses et porte souvent une casquette. Ses tshirts trahissent de la musique punk mélodique (il m’a dit tendance Greenday – je ne connais pas ce mouvement musical).
A l’arrière de son crâne, on peut voir des cicatrices mais ce qui marque c’est son regard vide et fixe. J’ai aussi remarqué ses tremblements sur l’une de ses mains. Il est de Brest mais sa mère est suisse, ils ont habité à Bâle. Il m’a dit qu’il avait un de ses oncles qui était milliardaire et que lui l’était aussi. Il se dit professionnel du surf, connaît Biarritz, Hawaï.
Il dit que son père va lui envoyer sa carte bleue et le code par sms. Avec lui, on ne sait pas ce qui est vrai. Pour l’instant, il vit à crédit sur l’hôtel Komala qui lui a demandé son passeport, il a aussi une dette au restaurant du Komala. Heureusement pour lui, il a un ange gardien qui se prénomme Greg.
Greg est australien, il doit avoir la cinquantaine, bien bourru mais bienveillant. Il lui offre des repas, de l’eau, est prêt à lui avancer de l’argent, cherche de personnes indonésiennes pour jouer les nounous honnêtes d’un garçon qui doit avoir une trentaine d’années et qui semble déconnecté.
Comme je l’ai vu, il aborde des indonésiens pour parler avec eux. L’argent de sa planche, il l’a sûrement distribué lors d’une soirée. Il est allé dans un salon de massage non pour se faire masser (il n’a pas d’argent) mais pour discuter avec les gentilles masseuses qu’il effraye.
Son discours peut tourner en boucle, comme un répétition. Lorsque je l’ai croisé lors d’un petit déjeuner, il m’a parlé en français de la prochaine coupe du monde de rugby en 2020 (je crois) et d’une prolongation accordée au pays de Galles. Ensuite, il s’est mis à parler en anglais. En tous cas, il connaît Will Smith et sa famille car j’ai un loosy tshirt sans manche que l’on m’a offert avec la photo de la famille Smith au-dessus de laquelle est écrit THE SMITHS (groupe mythique des années 80 avec le chanteur Morrissey). Bien entendu, ce tshirt, je ne le porte qu’à Bali et je le laisse même dans le sac à l’hôtel.
Ce matin, Pol voulait venir avec nous voir la course des bébés tortues mais il voulait y aller le matin alors que ce n’est qu’à partir de 16 heures. Il a préféré aller nager. Aux dernières nouvelles de Greg, il aurait été secouru mais depuis on ne l’a pas vu. Hier, il paraît qu’il est revenu à l’hôtel en ambulance car il surfait. Il dit aussi se faire sponsoriser par une marque de surf.
Ce soir, j’ai fait ma bonne action, j’ai appelé les numéros que Greg m’avait donné. Au bout de 4 tentatives, je suis tombé sur son père qui m’a dit qu’il avait envoyé deux Chronopost qui allaient arriver. Il était au courant de la perte du portable et de la carte bleue qu’il a préféré – vu la semaine prochaine – ne pas lui envoyer. Je lui ai parlé de l’état mental préoccupant de son fils et il m’a dit qu’il prenait (ou devait prendre) des cachets.
Je n’ai pas cru la version indonésienne que son état venait de l’alcool. Enfin, je souhaite pour lui qu’il ne boive pas pour ne pas interférer avec des médicaments qui devraient le stabiliser.
La question que l’on se pose tous ici, c’est « comment laisser partir une personne comme cela ». La corollaire va bientôt être « comment va-t-il pouvoir rentrer en France ? ». Dun côté, il doit savoir prendre l’avion et assurer les correspondances.
Il a de la chance d’être en Indonésie, dans un quartier restreint où les tentations sont présentes mais limitées. Il est tombé pour l’instant sur de bonnes personnes mais pour combien de temps.
J’ai vu un indonésien le raccompagner à sa chambre et lui donner des conseils. Mais, c’est comme une personne qui a une idée fixe et qui la suit. J’ai revu ensuite cet indonésien au volant d’une belle voiture avec femme et enfant.
Ah oui, Pol a aussi perdu sa clé. Sa nouvelle clé, il la met sous son paillasson. Hier, Greg m’a dit « exhausted ». Ses connaissances lui disent qu’il est bête, qu’il ne devrait pas tant en faire.
Pour ma part, demain je vais parler au staff du Komala pour qu’ils interceptent l’argent et qu’il fasse le change avec moi, qu’il paye ses dettes, qu’il booke son taxi pour l’aéroport et s’arranger pour lui donner une somme par jour. Si je ne le croise pas demain, j’envoie un mail à son père pour qu’il contacte l’ambassade à Jakarta qui contactera le consulat.
Son père semblait connaître la situation mais je ne crois pas qu’il perçoive l’aspect critique où se trouve son fils. On a aidé du mieux que l’on pouvait faire, ensuite on ne peut pas lutter contre l’inéluctable.
Mis à part cela, je pense que je n’ai pas emporté de deuxième short ou alors je l’ai perdu ou alors c’est notre laveuse qui l’a perdu. Une photo dans l’avion prouve que j’avais bien le short que je porte et donc que j’ai bien oublié celui acheté en France. Heureusement, j’ai un bermuda prévu dans ces cas-là en attendant que j’aille m’acheter dans les jours à venir.
En passant dans la rue de Patimura en allant boire un jus de sosroup (un gros fruit avec des piquants), on a vu notre linge séché dans la rue (avec voitures qui passent !). Mais lorsqu’on le déballe, il a toujours une odeur de propre.
Cet après-midi, deuxième tentative de voir un lâcher de bébés tortues. On devrait avoir plus de chances qu’hier car on est dimanche et que les bougres de la société de protection des tortues savent qu’il vaut mieux faire la course des bébés tortues le jour où il y a le plus de monde.
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