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20 ans déjà ! Bali, chaîne de Jérôme Garcin, Cinéma et séries d'antan pour 2025.

Moby est végane

Moby : “Quand je suis devenu végane, l’OMS considérait que c’était une maladie mentale”

 

Alors que son prochain album s’apprête à sortir, Moby lance un festival végane à Los Angeles. On revient avec lui sur 30 ans d’engagement pro-animal.

Pourquoi avez-vous décidé de mettre en avant votre activisme au moyen d’un festival ?

Je suis un activiste depuis maintenant 30 ans, et un végane depuis 29 ans. Au début, c’était simplement parce que j’aimais les animaux. Puis peu à peu, ce choix personnel a commencé à s’inscrire dans un raisonnement politique beaucoup plus global. Je me suis intéressé à des problèmes écologiques, sanitaires, liés à la famine, à la diffusion de maladie, à la déforestation, à l’effondrement de nos systèmes immunitaires, et encore une ribambelle de catastrophes à la source desquelles on retrouve toujours la même cause : la viande et l’élevage industriel. Aujourd’hui mon militantisme compte au moins autant pour moi que la musique. J’ai ouvert l’an dernier un resto végane dont l’intégralité des bénéfices est remise à des assos. L’organisation d’un festival était une façon de marquer le coup, de monter d’un cran.

Vous trouvez que la société a évolué récemment dans son regard sur l’activisme animaliste ?

Bien sûr… Quand je suis devenu végane, les gens savaient à peine prononcer le mot. L’OMS considérait encore que c’était une maladie mentale. Aujourd’hui, j’ai l’impression que chaque jour j’entends parler d’une nouvelle célébrité végane. Internet a bouleversé la rapidité à laquelle se diffusent les idées, et les gens prennent conscience de beaucoup de choses. On ne peut même plus leur faire le coup de la sympathie qu’on éprouve naturellement pour l’agriculture artisanale, la petite ferme avec deux hectares de maïs, trois vaches et une cheminée qui fume : parce que ça n’existe plus. Ce sont des conglomérats immenses, comme en France avec votre ferme des mille vaches qui suscite beaucoup de controverse. En Amérique, nous avons hélas déjà bien pire…

Votre nouvel album, qui sort le 14 décembre chez Because, s’appelle These Systems Are Failing. On parle de quel système ?

Peut-être de l’idée même de système. Quand j’ai fait de la philo à la fac, le premier cours que j’ai eu concernait ce qu’on appelle le sophisme naturaliste : l’erreur logique qui consiste à déduire que parce que quelque chose est, alors cela doit continuer d’être. Cette mécanique est celle contre laquelle on se bat quand on défend les droits animaux, et elle concerne bien sûr beaucoup d’autres combats politiques.

 

Mettre de l’engagement politique dans votre musique, c’est délicat ?

Forcément. La musique populaire a une longue histoire d’engagement politique, de John Lennon à Chuck D en passant par Neil Young. Certains s’y sont sans doute un peu perdus. Si cela concerne autant d’artistes, au-delà du petit soupçon d’infatuation qui plane forcément, c’est aussi que la notoriété engage une certaine responsabilité. J’ai un public, une audience, ce serait du gâchis de ne pas en profiter. La question, c’est comment faire ça sans compromettre la musique…

Quand tout le showbusiness se met au véganisme, c’est une démarche sincère ?

Tout le showbusiness, n’exagérons rien… Effectivement, certains font ça pour attirer un peu l’attention des médias. Mais c’est très difficile de porter des jugements définitifs sur la bonne foi de chacun, parce qu’un novice un peu opportuniste, s’essayant par calcul au régime de Beyoncé, Bill Clinton et Jared Leto, peut très bien devenir un militant très remonté dans quelques années. Leonardo DiCaprio est un activiste ultra investi, il donne de son argent, de son temps, de son image, au service de la cause qu’il défend et c’est admirable. Mais il y a 20 ans, est-ce qu’il aurait donné cette même impression ? Et est-ce qu’il aurait fallu le décourager pour autant ? Si un activiste végane était venu me parler une semaine avant que je me mette au véganisme, il m’aurait sans doute trouvé dans un Burger King. Et s’il m’avait gueulé dessus, je ne serais peut-être jamais devenu végane. Parce que personne n’aime se faire gueuler dessus…

Vous êtes optimiste sur l’avenir ?

Pour les animaux, oui. Les idées animalistes progressent et je suis stupéfait de voir à quel point le regard de la société change. Pour les humains, c’est une autre histoire, je n’ai pas beaucoup d’espoir pour notre avenir.

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