20 ans déjà ! Bali, Jérôme Garcin, Cinéma et séries d'antan
7h30 la plage. Pour une fois, nous nous sommes levés tôt et nous allons sur une plage non pas désertée mais allégée de ces touristes. Les marchands divers sur la plage commencent à étaler les transats, à mettre en place les parasols et à ratisser le sable. Cette année, il y a eu un changement d’importance : il y a dorénavant des parasols tout au long de la plage. La plage s’organise de la façon suivante : une bande pour l’entrée, une autre pour les marchands de boissons, puis ce sont les transats, et enfin le sable. L’après-midi, au vu des personnes allongées sur les transats, il y a de la demande.
Il y a aussi de l’offre lorsque l’on arrive sur la plage : transat, bière, surf, leçon de surf. Sur la plage, ce sont des sollicitations pour des fruits, des tatouages, des glaces, des marionnettes ou des arcs.
Cela me fait toujours sourire de voir le monsieur âgé vendre ses marionnettes en nous disant « pupetts » et « thank you » tout de suite lorsque l’on fait un signe de tête. Ce monsieur, je le connais de vue depuis des années. Preuve que son business est lucratif. Surtout, il me fait penser à une scène mémorable, anthologique, entre lui et nous ; le nous incluant Fred et moi. Je vous raconte.
Fred voulait acheter une marionnette. Ce monsieur nous annonce un prix et pendant au moins une demi-heure nous allons marchander. A la fin, Fred aura eu non pas une mais deux marionnettes pour un montant diminué de moitié ! Ce qui était drôle, c’est que nous nous répartissions les rôles comme dans un sketch. Fred marchandait dur et moi j’enchainais en disant (par exemple, j’ai oublié les prix) « mais non, cela n’est pas assez cher 100 000 pour une marionnette, c’est au moins 120 000 … mais pour deux ! ». Le gars était en fin de saison, c’était son dernier jour, il allait repartir dans sa ville natale de Bandung. Au final, tout le monde était satisfait.
Revenons à aujourd’hui. Notre fils aîné est malade. Fièvre, 39°1. Il n’a rien mangé au restaurant japonais où mes enfants se tiennent mieux que l’an dernier où l’on était parti après leur tout petit verre de fruits exotiques et leurs cacahuètes. On doit être VIP car maintenant chacun a droit a son verre et à des cacahuètes, ce qui n’était pas le cas la dernière fois.
J’ai croisé le français Tom qui m’a raconté sa journée d’hier. Il est allé à l’immigration pour avoir un permis pour aller dans une île. Mais ce qui prendrait deux jours en prend cinq ! D’abord le dossier, puis les photos puis l’accord pour reprendre un autre jour son passeport. Il ne voulait pas le faire entrer dans le bureau car il était pieds nus !
Aujourd’hui, pour une des rares fois de cette saison, j’ai vu les drapeaux jaunes. D’habitude, ils sont à deux endroits (au début de la Pantaï Kuta puis au niveau de Semyniak). J’ai pu me baigner en me remémorant les sensatiosn passées des autres années où je me laissais prendre par la vague comme si j’étais dans une machine à laver ! Il y a dix ans, j’étais au niveau des surfeurs, à l’époque, il n’y avait pas d’école de surf venus avec les russes. J’avais aussi plus la forme et la condition physique et je n’avais pas été pris par les courants.
Le soir, vu l’état de mon fils, j’achète une galette salée dans la rue de Mataram. On peut voir de ces vendeurs dans les rues. La crêpe est en fait une pâte qu’ils font frire en y mettant des ingrédients qui vont des noix de cajou au poulet en passant par des œufs de canard. Ils font aussi des crêpes salées avec une pâte différente, beaucoup plus épaisse qui s’apparente plus à un gâteau fourré avec des ingrédients que l’on peut choisir. J’ai testé les deux et c’est bon.
Pour finir ce jour, je veux vous parler des mendiants sur la Pantaï Kuta. Il y a peu voire pas de mendiants à Bali, dans notre périmètre. Par contre, depuis des années, la Pantaï Kuta a ses mendiants attitrés. Je les avais déjà évoqués l’an dernier. Ce sont en fait des balinais qui habitent une île à côté de Bali. C’est un couple avec au moins trois enfants. On voit aussi des enfants qui vendent des colliers sur la plage mais je ne sais si c’est de la même famille. Sur la plage, ils sont par paires : deux garçon, deux filles. Ils doivent avoir entre 8 et 10 ans. Bien entendu, ils ne vont pas à l’école. Le pire, c’est Nawill qui me l’a dit, c’est que le Gouvernement, les attrape et les ramène chez eux mais rien n’y fait, ils reviennent. Lorsqu’ils viennent me voir, à mon air, ils savent qu’ils n’ont pas à rester mais avec les touristes cela, le soir (lorsque nous prenons notre maïs) ils font des ventes. Ils vendent des colliers 10 000 roupies (ce qui n’est rien – 1 euro = 14 500 roupies) qu’ils ont dû achetés au maximum 2 000 roupies. La mère se la joue à l’indienne : elle est assise sur contre un mur, avec un enfant en bas âge qui ne fait que dormir. Le père n’est jamais loin. J’avais entendu des histoires en Inde comme quoi des femmes achetées des enfants en bas âge, ne leur donnait pas à manger pour que le bébé pleure et qu’elle est plus d’aumône. Il arrivait que les bébés décèdent.
C’est un commerce lucratif pour cette famille qui vit aisément des revenus des enfants. Enfants qui sombreront dans les métiers de la rue n’ayant aucun bagage si ce n’est, c’est le cas de le dire, le bac de la rue.
Il m’est arrivé de dire à mon fils : « tu vois, le petit, il est obligé de travailler et de ne pas aller à l’école car ses parents n’ont pas d’argent ». Il ne sait pas qu’il a de la chance d’être né au bon endroit, dans une bonne famille même s’il ne s’en rend pas compte.
Une de mes connaissances m’a dit : « mais pourquoi partir si loin avec tes enfants ? Tu pourrais rester en France, cela serait ma même chose pour leurs souvenirs qu’ils n’auront pas ! ».
Ma réponse est que lors de ces voyages, je glisse dans l’ADN de mes enfants une séquence voyage : « si tu es parti avec nous lorsque tu étais petit, tu pourras le faire plus tard et seul ». Il m’a fallu deux décennies pour prendre le train pour Paris. Dorénavant c’est un classique pour moi mais aussi pour mes enfants dont l’aîné a pris le tgv alors qu’il avait 4 mois. L’avion, il m’a fallu trente ans. Mes enfants a 18 mois l’auront pris. Il restera des vidéos pour leur remémorer nos voyages et nos amis : Nawill notre vendeur de maïs, Marcello mon sauveteur et nos connaissances Parmi ceux-ci Yulia la masseuse d’un certain âge qui aiment s’amuser avec mes enfants lorsque l’on passe devant le salon, le patron (mais aussi sa femme) du masakan au bakson à 10 000 roupies, le monsieur du Warung Tujuh (même s’il a quadruplé ses prix – il est venu nous donner des bananes en moto), mon vendeur de noix de coco même si je ne l’ai pas encore revu.
J’espère que mes fils apprendront qu’il y a la carte mais surtout le territoire et que faire des rencontres, nouer des amitiés est aussi le but du voyage. Pour les trois premières personnes citées, il n’y a jamais eu d’échanges monétaires mais toujours un lien respectueux et amical.