L’Indonésie est le troisième pays consommateur de tabac dans le monde. C’est également l’un des pays où les enfants commencent à fumer le plus tôt. Autour de 2 ans dans les familles les plus pauvres de Jakarta ou Garut, vers 6 ou 7 ans pour les autres, élevés dans un environnement non-fumeur, qui ne découvriront le tabac qu’à l’école.
Il faut dire que le produit est attrayant : peu cher (moins d’un euro le paquet), achetable à l’unité, disponible dans n’importe quel kiosque à journaux, sans restriction d’âge pour l’acheteur et au cœur d’un lobbying omniprésent qui vise essentiellement les plus jeunes. C’est ce que confirme Iyan, qui voit régulièrement son fils Dihan, âgé de 5 ans et fumeur depuis trois années, s’en griller une dès l’aube ou revenir avec des clopes quand on lui a demandé d’aller acheter du café.
“Les grands événements, les concerts, par exemple, sont sponsorisés par les marques de cigarettes, qui en profitent pour donner des échantillons gratuits à tout le monde, quel que soit l’âge. Si un enfant de 6 ans accompagne ses parents, on lui donnera sans problème quelques cigarettes.”
Fumer = être un homme, un vrai
Quant aux pubs, qui ont l’interdiction de diffuser l’image d’un paquet ou d’une cigarette, elles martèlent aux consommateurs que telle ou telle marque de cigarette revient à générer “style, plaisir et confiance en soi”. Les mots suffisent. Activiste au sein d’une association de contrôle du tabac, Tina dénonce cette publicité à outrance :
“Beaucoup de gens considèrent que fumer correspond à l’image d’un homme courageux et avide d’aventure. Et les enfants sont constamment entourés par leurs père, frère(s), oncle(s) qui fument, partout et tout le temps, et qui leur envoient une image de quelque chose de non seulement normal, mais de positif…”
S’il espère que son fils arrêtera bientôt, Iyan a tout de même conscience que le tabac est une richesse extraordinaire, et un véritable générateur d’emploi et d’argent en Indonésie. Six millions d’habitants en vivraient selon le site de Doolitle. La lutte contre le tabagisme infantile continue. Les associations misent sur une interdiction de la vente de cigarettes à l’unité et sur une augmentation des taxes. Pour l’instant, la cigarette coûte 3 centimes d’euros.