Un réveillon en six leçons
Flickr/ITHQ
Règle numéro 1 : instaurer la dictature
Proscrire tout référendum familial pour élaborer votre menu car, entre l’oncle qui n’a pas digéré sa dernière huître, la frangine qui milite contre le gavage des oies et belle-maman que la vue d’un escargot terrorise, votre consultation risque fort de ressembler à un sac d’embrouilles au Parti socialiste. Donc… Il vous faut instaurer dans votre cuisine un régime présidentiel fort à parti unique. C’est vous le grand timonier aux fourneaux et vous allez décider seul du menu. Celles et ceux qui voudront entrer en dissidence à votre table le soir de Noël n’auront qu’à se caler l’estomac avec votre réserve de pâté Hénaff, de maquereaux au vin blanc et la boîte de Chamonix orange.
Règle numéro 2 : limiter ses ardeurs
Le repas de Noël n’est pas le défilé du 14 juillet. Inutile de sortir les majorettes, la Légion, les Rafale, les chars Leclerc, la grande échelle et la cavalerie lourde. Tout cela finira par être indigeste. Une entrée, un plat, un dessert suffiront.
Règle numéro 3 : se démarquer
Ne copier personne et surtout pas madame votre mère. Vous n’avez pas fait dix ans de divan pour vous entendre dire, un soir de Noël, par monsieur votre père : «Le chevreuil de ta mère était meilleur…» Et la chevrotine, tu connais Papa ?
Règle numéro 4 : contrôler le planning
Etaler dans le temps la préparation de votre menu sans pour autant vous lancer dans un plan quinquennal pour combinat chinois. Se mettre un peu en cuisine la veille prévient le burn out du réveillon aux fourneaux où l’on peut se sentir aussi seul que Robert De Niro dans Taxi Driver.
Règle numéro 5 : rester dans les clous
Faites-vous plaisir en cuisinant des choses que vous aimez, mais attention aux réveillons un peu trop expérimentaux, aux galops d’essai hasardeux au fond de la cocotte. Noël n’est peut-être pas le meilleur soir pour se lancer dans la confection de l’anguille fumée en croûte de wasabi ou du bavarois de topinambours aux esquilles de noisettes.
Règle numéro 6 : entretenir la convivialité
N’oubliez pas de mettre au frais le Menetou qui vous égaie quand vous êtes dans la tambouille. Ainsi, vos hôtes seront heureux de vous rendre visite en cuisine pour trinquer.