MEMOIRES DE NOS PERES (critique envoyée à ALLOCINE - limitée à 2000 signes)
Au départ, il y a cette photo : 6 hommes en train de hisser le drapeau étoilé sur cette colline japonaise en février 1945. Et déjà l’image fausse la réalité, car la photo prise est celle du deuxième drapeau que l’on hisse, le premier ayant été enlevé pour qu’il soit gardé en souvenir par un homme politique. A
vant que l’on ne soit sur cette île, il y a cet homme qui discute avec ces anciens combattants. Tout de suite, la référence avec BAND OF BROTHERS (Frères d’armes) vient en mémoire pour l’aspect témoignage (qui débutait la série), mais on se souvient aussi du film de Spielberg IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN pour les scènes de combat moins hyper réalistes. Moins mais réalistes, et comme on est sur une terre où se déroule une guerre, on souffre avec ces soldats. Il y a un côté non pas anti-militariste mais un aspect ‘plus jamais cela’, par le combat juste pour la liberté, souvent on entendra, ‘en gagnant cette île, on sauve des vies’. Mais le leitmotiv principal du film est : « je ne suis pas un héros, ceux morts au champ de bataille oui ».
Histoire d’amitié, de guerre, on se bat contre un ennemi que l’on ne verra presque jamais ou alors mort ou alors qui s’apprête à vous tuer. Mais ce n’est pas suffisant, c’est à une plongée en spirale qui va pour les trois personnages nous mener vers une humanité pas débarrassée de ces démons ; à l’image d’IRA, l’indien. A croire que dans la vie comme dans la guerre, il y a un destin.
La mise en scène va suivre les changements de temps en même temps qu’il y aura alternance des scènes studio, de guerre, de confidence : autant de styles différents, dans une synthèse des films précédents du réalisateur.
Clint Eastwood ne magnifie pas la guerre, pas plus que les combats ni le patriotisme. Il est à hauteur d’hommes. Le témoignage d’un homme de 76 ans qui comme dans l’image de MILLION DOLLAR BABY va quitter le monde du cinéma non sans avoir donné une des plus belles leçons non pas de cinéma mais de vie.