La vie s'ecoule paisiblement. Avant de vous parler demain de mon coin populaire de warungs ou je mange souvent le soir et ou se melent locaux et toujours belles filles de l'Est, aujourd'hui portrait de la vie indonesienne.

Au restaurant du Komala, le matin, il y a ce couple de balinais qui respire le bien-etre. Lui, homme d'une trentaine d'annees porte souvent le sarong ; le matin, il prepare les offrandes qu'il va ensuite deposer pres des statues et dans l'autel de mon bungalow qui se trouve dans l'axe d'un petite statue.
L'offrande est une petite corbeille faite de feuille de banane je pense, a l'interieur il y a des petales de fleurs, un petit gateau, une cigarette (et oui, les dieux a Bali fument !), un baton d'encens ou selon des bonbons (les dieux aiment le sucre). Lorsqu'il la depose, il le fait suivant des gestes precis en recitant des phrases et avec la main en jetant de l'eau (pour 'ceremony'). Son air est serein, doux, pose. La religion apaise.

Elle, c'est pareil. Balinaise type, elle porte l'habit local mais est aussi en jean. Elle a les cheveux longs noirs, des formes de femme et un charme indeniable, surtout lorsqu'elle sourit. Elle a un cote espiegle, coquine. Elle siffle, chante et se tremousse sur du Mickael Jackson ! Le genre de femme qui pourrait me lire le Jakarta Post que j'aimerais, meme les pages consacrees aux villes locales. A ce sujet, le dangereux terroriste dont la television ici a parle pendant deux jours, n'etait pas l'homme abattu. Mais cela vous le savez deja avec le decalage de publication, on en a parle en France.
Le couple a deux ou trois enfants dont une fille de 6 ans environ qui a les traits de sa mere ; je la vois regarder la television, elle est boulotte pour son age. A 26 ans, un gars de l'hotel a deja deux enfants. C'est avec lui que j'ai discute (je lui ai donne tshirt, nrj drink et cachet pour la toux).

Il a suivi une formation scolaire (taux d'alphabetisation proche de 88%) mais n'a pu aller a l'Universite. Ici, il faut tout payer : les cahiers, stylos et l'uniforme. C'est comme pour un accouchement. Il a du emprunter. Il rembourse tous les mois. Une telle operation coute entre 7.5 et 10 millions de roupies. Lui, gagne 600 000 roupies par mois. S'il prend des vacances, il perd son poste et c'est difficile d'en retrouver un, en ce moment. A force de voir des touristes, il s'est dit que son pays etait beau et qu'il n'etait pas necessaire pour lui de voyager. De toutes facons, il n'a pas les moyens.

Les loyers sont chers, il paye 300 000 roupies par mois. Il espere que ses enfants iront plus loin que lui et qu'ils deviendront docteur, policier (il ne cite pas la fonction de professeur). Il me dit qu'il a vote (en 2004) mais que le nouveau President qui annoncait lutter contre la pauvrete, ne fait rien. Il ne croit plus les hommes politiques. Avec un air depite, il me lance "les riches sont plus riches et les pauvres plus pauvres".

On se croirait en France et meme dans le monde. Meme au paradis, la politique et les inegalites se rejoignent et le fosse se creuse encore amplifiant ressentiment, lassitude et fatalite. J 'espere que ces enfants casseront ce schema.
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