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LASTDAYS

La Chine est de moins en moins un pays bon marché (2007)

6 Mai 2010 , Rédigé par Kitano Publié dans #Planète

Inquiet des pénuries de main-d'oeuvre qui touchent le delta de la rivière des Perles, le gouvernement de la province chinoise du Guangdong vient d'exhorter la ville de Shenzhen à augmenter son salaire minimum pour la deuxième fois en deux ans.

La municipalité a calculé qu'il faudrait réévaluer de 30 % le smic local, aujourd'hui de 690 yuans par mois (70,60 euros), si Shenzhen veut concurrencer les offres des employeurs de la région du delta du Yangzi, l'autre grand pôle économique, autour de Shanghaï.


Une telle mesure, si elle est suivie d'effets, sera loin d'apporter une amélioration sensible au sort des travailleurs migrants venus des campagnes, tant les règles du jeu de l'économie de marché chinoise leur sont défavorables : l'absence de syndicats et de recours légaux en cas de conflit rendent l'application des lois du travail très aléatoire, notamment celles concernant le salaire minimum, les heures supplémentaires ou les licenciements. Mais elle est révélatrice d'une tendance générale pour les entreprises en Chine : l'augmentation des coûts.

Celle-ci, bien sûr, affecte différemment les sociétés, selon qu'elles sont chinoises ou à capitaux étrangers, qu'elles exportent ou qu'elles visent le marché intérieur. Si les tensions à la hausse pour les bas salaires concernent davantage les entreprises chinoises et les fabricants de produits bon marché destinés à l'exportation, les sociétés étrangères implantées en Chine constatent, elles, une inflation des salaires pour le personnel qualifié.


La hausse des salaires, mais aussi du prix des terrains, touche surtout les grands pôles urbains des régions côtières et de Pékin, marchés de plus en plus congestionnés, où le ticket d'entrée est toujours plus élevé : la forte concurrence oblige à payer bien plus cher les implantations d'usines, les points de ventes ou les bureaux...


Dans le China Daily du lundi 17 avril, un chercheur du principal organe de planification économique, la Commission nationale pour le développement de la réforme, juge que "le fossé des salaires entre zones rurales et urbaines va s'agrandir cette année". En 2005, les revenus ont progressé de 9,6 % dans les villes et de 6,2 % dans les campagnes.

Cette inflation des coûts alimente désormais une migration vers l'intérieur de la Chine : "Un terrain est concédé à 200 dollars du mètre carré dans la zone de libre-échange du port de Shanghaï, alors qu'il n'est que de 30 dollars à Nankin", analyse Graham Thompson, rédacteur en chef des guides China Briefing Media pour le cabinet de conseil juridique Dezan Shira.

 

investissements massifs de l'État en faveur des régions pauvres de l'ouest de la Chine. Tianjin s'oriente vers les services bancaires et l'industrie légère.

Cette dynamique de hausse des salaires et d'irrigation des régions intérieures industrielles s'inscrit en Chine dans la logique des nouvelles orientations macroéconomiques annoncées lors du Congrès national du peuple, en mars : il est urgent pour la Chine de moins dépendre du commerce extérieur (70 % du PIB) et des investissements productifs, pour favoriser une consommation intérieure qui atteint à peine 50 % du PIB, contre 65 % pour les économies des pays développés.

 

Les préoccupations récurrentes autour de la surchauffe de l'économie et des surcapacités industrielles impliquent, elles, de nouvelles normes coûteuses, par exemple en matière environnementale. Elles nourrissent aussi une défiance, nouvelle, vis-à-vis des investissements étrangers, comme l'a montré le débat sur le régime préférentiel des entreprises à capitaux étrangers en matière d'impôt sur les bénéfices : celui-ci passera progressivement, à partir de 2007, de 15 % à 25 %, alors qu'il est de 33 % pour les entreprises chinoises.

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