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LASTDAYS

Après l'informatique, Bangalore se rêve en capitale mondiale de la rose

1 Mars 2008 , Rédigé par Kitano Publié dans #Voyages

A quelques kilomètres des campus informatiques de Bangalore, le bourg d'Hosur abrite la plus grande roseraie d'Asie. Là où, il y a encore cinq ans, la terre, aride, était abandonnée par les paysans, Najeeb Ahmed, un ancien avocat, a décidé de quitter le droit pénal pour tout miser sur l'horticulture. Sous les 34 hectares de serres, 70 millions de fleurs sont désormais cultivées chaque année.

Le bonheur des roses tient d'abord aux conditions climatiques du sud de l'Inde. "La température est toujours comprise entre 22 et 28 degrés, le taux d'humidité optimum, et les fleurs bénéficient d'au moins douze heures de lumière naturelle par jour", indique ainsi M. Ahmed. Destinées à l'exportation vers le Moyen-Orient, l'Europe, et l'Asie, les roses cultivées pourront bientôt être expédiées depuis l'aéroport international de Bangalore, dont l'ouverture est prévue en mars 2008.

Hosur bénéficie du statut de zone économique spéciale. L'agence gouvernementale du Tamil Nadu, un Etat du sud de l'Inde, détient 50 % du parc Tanflora, et a participé, aux côtés de M. Ahmed, aux investissements dans les infrastructures. Des routes ont été construites, des réservoirs protégeant l'eau des impuretés ont été importés des Pays-Bas et le système d'irrigation a été inspiré de ceux qui existent en Israël.

Car la culture des roses exige beaucoup d'eau : quelque 2,5 millions de litres sont nécessaires chaque jour. Le précieux liquide est puisé dans les puits des bourgs voisins, ou dans les réserves constituées lors de la mousson. Une rivière pourrait même être bientôt détournée pour alimenter les serres.

Vingt-cinq horticulteurs louent les infrastructures mises à leur disposition. Ces cultivateurs d'un nouveau genre, qui passent la semaine dans les tours de verre de Bangalore, ont bâti leur fortune dans l'informatique et ont confié le suivi de leurs cultures à des ingénieurs agricoles. "J'ai voulu concilier la passion de l'investissement avec celle des roses. Avec la hausse du niveau de vie, les Indiens se rendent chez des amis avec une bouteille de vin. Bientôt ils apporteront des roses", estime Sudhakar Shetty, analyste financier et cultivateur.

Et puisque, à 40 kilomètres de Bangalore, la tradition de la "recherche et développement" se doit d'être respectée, une chambre froide de "test" a été créée. Elle abrite les nouvelles fleurs susceptibles d'être lancées sur les marchés du monde entier. La longue rose Taj Mahal y est maintenue à une température européenne, entre 14 et 16 degrés.

Grâce au faible coût de la main-d'oeuvre - les ouvriers sont payés en moyenne 2 euros par jour - les roses sont vendues deux fois moins cher qu'en Europe. Dans les bases de données de Tanflora, toutes les fêtes nationales du monde entier sont répertoriées. Du 8 mai au 11 novembre, en passant par le jour de la Fête des mères.

Mais c'est surtout pendant l'hiver que les cultivateurs indiens sont les plus courtisés. A cette période de l'année, leurs concurrents hollandais ou Français doivent augmenter leur dépense en énergie pour conserver les roses à la bonne température et les baigner de lumière artificielle.

Tanflora a exporté cette année 3 millions de roses pour la Saint-Valentin et espère tripler sa production l'hiver 2008. "L'Inde possède avec le Taj Mahal le monument de l'amour. Il ne nous reste plus qu'à inonder le monde des roses de l'amour", confie M. Ahmed, avant de conclure : "La croissance économique de l'Inde ne se résume plus seulement à l'informatique."

Julien Bouissou
Article paru dans l'édition du 17.02.08.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/02/16/apres-l-informatique-bangalore-se-reve-en-capitale-mondiale-de-la-rose_1012202_3234.html#ens_id=1008669
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