La cinquante-neuvième réunion de la Commission baleinière internationale (CBI) s'est ouverte lundi sur un grand froid. Non pas parce qu'elle se tient cette
année à Anchorage, en Alaska, mais parce que, dès le début des travaux, des débats extrêmement houleux ont opposé pays pro et antichasse.
L'Australie et la Nouvelle-Zélande, en particulier, dont la filière touristique d'observation des baleines en mer est aussi lucrative que florissante, s'en sont pris directement au Japon,
accusé de mentir délibérément sur les résultats de sa prétendue «pêche scientifique» mise en oeuvre il y a vingt ans pour contourner le moratoire international décrété en
1986.
La tension a grimpé d'un cran, hier, suite à la demande de «compromis» faite par le Japon, qui a souhaité que la CBI l'autorise à chasser cette
année 50 baleines à bosse (une espèce pourtant très protégée) à des fins «scientifiques», dans un sanctuaire proche de l'Antarctique. Proposition qualifiée de
«provocation» par Canberra et aussitôt rejetée par un large front du refus (Australie, Allemagne, Etats-Unis, Nouvelle-Zélande,Grande-Bretagne, Argentine, Brésil, etc.).
«Il est important que le Japon comprenne que l'inclusion de baleines à bosse dans ses pêches aura un impact sur son image en Australie», a même
déclaré, menaçant, Malcolm Turnbull, le ministre australien de l'Environnement présent à Anchorage. Durant leur migration, les baleines à bosse se réfugient chaque année dans les eaux chaudes des
côtes ouest de l'Australie.
La France, de son côté, a clairement réitéré son «opposition à la chasse scientifique pratiquée par certains pays comme le Japon, alors qu'il est reconnu que
les recherches scientifiques peuvent être menées sur des baleines sans les tuer».
Face à cette levée de boucliers, le Japon s'est vite déclaré prêt à renoncer à capturer des baleines à bosse s'il obtenait toutefois, en échange, le même droit
que les populations indigènes d'Alaska, de Russie ou du Groënland, de chasser un nombre indéterminé de baleines de Minke en faveur de ses communautés côtières. Déjà isolé, il s'est senti obligé
de réitérer sa menace de quitter les rangs de la CBI si les pays membres n'aboutissaient à aucun compromis. Avec le risque de devenir un peu plus un hors-la-loi des océans.