Rediff BALI IV : Fantastic Mister Fox
Un mort. Trois sauvetages dont un qui n'a peut-être pas pu avoir lieu. La corde qui relie la cheville a la planche qui rompt ou la planche à voile qui casse et c'est une mauvaise passe pour le surfeur, sûrement imprudent. Dans ce cas-là, ce fut la mort. La première sur Kuta depuis mon arrivée. J'ai discuté ce matin avec un Lifeguard, je pensais que le drapeau allait encore être rouge partout mais ce ne fut pas le cas.
Dans l'eau, je pourrais avoir un t-shirt "aid Lifeguard" car je fais toujours autant respecter aux surfeurs la zone de baignade. La plupart du temps, ceux-ci comprennent mais il y a vraiment du boulot avec les écoles de surf ! Aujourd'hui, dans cette dernière ligne droite, je vais vous conter la suite de mes rencontres!
Cela commence au petit déjeuner, avec un allemand à la peau bien blanche, je le retrouverai avec son surf et le visage encore plus blanc avec la crème dans l'eau, dans l'après-midi. Il entame la conversation après avoir lu qu'une personne regardant 3 heures par jour, perd 6 ans de vie (je crois, mais 3h par jour cela fait 1/8e de jour). Je lui dis que je n'ai pas de télévision. En fait la moyenne en France est de 3h20 environ, les personnes âgées devant pulvériser cette durée.
Ensuite, je rencontre Pascal, un nouvel arrivant. Issu des années 60, il a un parcours chaotique pour chercher une paix spirituel. Son accent dénote le Sud-Ouest, pourtant il est de Paris, a vécu à Nice pour s'installer à Toulouse. Un accident de voiture et le voici pensionné. Après un divorce, il a décidé de quitter la France pour vivre léger et trouver en Asie une harmonie intérieure. Il croit que notre société arrive à une fin de cycle et qu'il y aura des "élus' dans une nouvelle configuration de l'humanité. Il a presque fini son livre : un livre de 1 500 pages avec des photos, du son et même du tissu. Il le fera publier sous couvert d'une association et les fonds seront verses pour des associations pour enfants. Bon esprit.
Il me dit qu'il a financé des enfants dans des villages mais s'est aperçu (c'est un classique) que les parents gardaient l'argent pour eux. Le déclic de son ouverture d'esprit s'est opéré lorsqu'il avait une vingtaine d'années lors d'un voyage en Inde. Il était alors héroïnomane et cela lui a mis "une grande claque" pour changer d'une vie dissolue. Après avoir cheminé, dans un long voyage intérieur, il m'a dit qu'il est allé voir des personnes, des amis, pour s'excuser de ce qu'il avait pu faire à l'époque sans s'en rendre compte et dont il a pris désormais conscience.
Felix et Johnny, les deux allemands métis nous rejoignent. Je raconte à Pascal l'histoire de l'araignée, de la grosse araignée dans la chambre que Felix n'a pas voulu écraser. Et Pascal lui dit "Il fallait lui parler, pas de souci, il y a une connexion entre l'homme et l'animal". Felix acquiesce. Plus tard, le chat craintif de l'hôtel (celui qui fait les poubelles !) passe nous voir.
En allant boire mon mango juice, je tombe sur deux jeunes français qui vont partir travailler en Australie. En discutant, je m'aperçois qu'ils sont au même hôtel que moi ! Ils viennent de Lombok ou ils ont vécu loin de l'agitation e Bali et de Kuta. L'un d'eux me dit qu'il a fait un tour du monde. Ils n'aiment pas les villes, les grandes villes. Jakarta je comprends mais je leur dis que j'ai apprécié KUALA LUMPUR et même Bangkok. En fait, ils sont trois, deux frères et un cousin. Je les reverrai le soir en compagnie de filles et en train de boire une bière. Ils ont testé l'arak, l'alcool du pays, ce que je n'ai jamais fait et dont je n'ai pas envie. L'arak est un alcool de riz, boisson balinaise, 40 degrés. En cocktail, on le trouve sous l'appellation 'arak attack'. Les productions locales donnent mal à la tête dit-on et j'ai vu certains balinais refusaient le verre que leur tendait leur copain !
Je peux apporter une théorie sur la différence de générations et de buts dans les voyages. Lorsque l'on est jeune et que l'on découvre le voyage, on veut de l'inédit, faire ce que les autres n'ont pas fait, n'ont pas vu, vécu. Alors, c'est la recherche du territoire perdu, on court de villes en villages, essayant de vivre chez l'habitant, du vrai, du roots. La personne qui n'est pas de votre génération ne vous intéresse pas dans le sens où elle en a peut être vu plus ou - comme vous pouvez le penser - moins ou pas pareil !
Lorsque l'on vieillit et que l'on a voyage, on dépasse ce stade dans le sens ou ce que l'on recherche c'est le voyage intérieur, ce sont les rencontres où qu'elles soient, dans un village et même et surtout dans les grandes villes où lieux touristiques. Car, vivre dans une tribu ou chez l'habitant nécessite un minimum de langue locale sinon, les discussions tournent vite court. Victor, Saïd et bien d'autres l'ont compris. On ne va pas refaire maintes fois le parcours des villes, des lieux comme Lovina et ses dauphins ou Amed et la plongée à faire juste a cote a Tulamben (il paraît que c'est sublime) à l'endroit d'un bateau immergé le Liberty, issue de la seconde guerre mondiale je crois. Sans parler du Mont Bromo, du Kawa Ijen, du Kintamani.
Ensuite, direction mon vendeur de maïs. Comme je le sais coquin, je lui demande : "have you a big corn ?" (As-Tu un long maïs ?), Au début, il ne comprend pas mais ensuite, il me répond "Jumbo !". Il y avait des jeunes femmes à qui il a rendu la monnaie et qui avaient peur que cela ne soit des billets n'ayant plus cours, je leur dit aucun problème et leur propose même d'échanger. Elles veulent bien ! Aucun souci de ce côté dans les voyages sauf à tomber sur des escrocs, les marchands vous surtaxent mais ne vous donnent pas des faux billets ! Même si j'ai écope d'une pièce indienne de deux roupies à la place de celle de 1 000 roupies indonésiennes !
C'est déjà la nuit. Dernier tour de plage, en rentrant je croise Victor pour son dernier soir au Mini Mart près de la Panta Kutai. Je vais discuter avec lui car je lui ai dit que je l'accompagnerai la première partie de son trajet à pied vers l'aéroport. Il se faisait du souci pour mon retour car c'est loin, sinueux dans la seconde partie et qu'il ferait noir lorsque je rentrerais. Je lui redis que je ne ferais que la première partie du trajet, qui prendra bien une heure avec son rythme.
Un jeune couple nous demande s'ils peuvent venir à notre table, nous répondons par l'affirmatif avec plaisir. Lui est australien je crois, elle slovaque. Lui, étudiant, est en stage en Australie pour la recherche de cuivre et elle, travaille à Londres. Vacances à Bali. On discute de voyages, ils sont allés en Inde, de films et là, tombe de sa poche une figurine de Scoubidou et ensuite une autre à laquelle je m'exclame "oh, Mister Fox". En fait, c'est le neveu de Mister Fox. Bien entendu, il me demande si je veux du cadeau Macdonald et je dis oui, cela complétera le Mister et Miss Fox que j'ai mais en 'poils". Je les ai trouvés par hasard dans une brocante en banlieue parisienne.
On discute de film, elle a vu AMELIE POULAIN et lui LE JOUR DE LA MARMOTTE (un jour sans fin en français), et bien entendu, je sors alors la Marmotte de mon sac et leur montre quelques photos !
Ils ont fini leurs bières, Il est presque 22 heures, j'accompagne Victor sur le chemin retour ou nous croisons le néo-zélandais avec sa guitare à l'extérieur du salon du massage, le nouvel hôtel a 300 000 roupies la chambre. Sourires, échanges de phrases, il est temps de prendre du repos pour demain avoir une nouvelle journée toujours aussi remplie de rencontres positives. Celles-ci ont lieu aussi par ce que l'on dégage.