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LASTDAYS

Rediff Bali 2011 : Victor

21 Juillet 2016 , Rédigé par Kitano Publié dans #Voyages

Rediff Bali 2011 : Victor

Victor est un australien de 71 ans qui surfe encore le matin. Il a été marié avec une indonésienne il y a trente ans (elle avait alors 20 ans). Ils ont eu deux enfants, à la retraite, Victor a jeté sa montre, n'a pas de carte bleue, pas de téléphone et voyage seul.

Au petit déjeuner, je vois Victor arriver, c'est la première fois qu'il vient à la cantine. Il me confie que la chaise en plastique qu'il avait dans son bungalow, il l'a emprunté sous couvert de pourboires à la fille de la cuisine. Il a même droit à un autre pain de mie.

Il a mal dormi car il a été perturbé en pensant qu'en l'accompagnant vers l'aéroport, lors de mon retour, je ne trouve pas le chemin. Je lui répète que je ne fais que la première partie du chemin car ensuite, il est vrai que c'est plus compliqué et que cela n'a pas d'intérêt comme longer la plage.

Saïd avait proposé à Victor de l'emmener à l'aéroport mais il a refusé. Il est comme cela Victor. Il laisse sa chambre à midi alors que son avion est à minuit. En plus, il n'est pas sûr de pouvoir entrer dans l'aéroport car, avec les mesures de sécurité, ils n'autorisent pas de rentrer trop tôt par rapport au décollage.

Nous mangeons ensemble. Victor, fidèle à ses habitudes, prend une salade de fruits et un sandwich qui laisse refroidir. Aujourd'hui, un coca au lieu du pot de thé. Il faut gérer les toilettes ! Mais Victor m'apprend que dans le nouveau KFC, dans la galerie marchande, au premier étage, en bout de galerie, il y a des toilettes !

Après manger, je vais nager dans les vagues toujours aussi réjouissantes en ayant auparavant fait la police car les surfeurs en profitent de n'avoir pas de nageurs face à eux. Aujourd'hui, le Lifeguard fait aussi le ménage dans cette zone. Retour, douche, et nous voici partis vers 16h après un maïs. Comme d'habitude, blague récurrente avec Asli mon marchand, je lui demande s'il a un petit ou gros maïs !

Comme par hasard, le temps est clément. Nous marchons, marcherons pendant une heure, avec un léger vent et un ciel ombragé. Sur le chemin, j'interpelle une femme. Elle vient de passer avec une poussette. Je lui tends la sucette qu'a lâchée son petit garçon. Elle me remercie, cela va éviter des pleurs, me dit-elle !

Nous passons devant des hôtels de luxe, des bungalows calmes, des piscines pour enfants, cela sent l'argent. Le chemin se termine, nous voici devant le grillage de l'aéroport, les avions sont plus imposants. C'est le lieu et l'heure de se séparer. Je dis à Victor de prendre soin de lui. Nous nous serrons chaleureusement les mains. En voyant Victor s'éloignait le long de ce long mur, torse nu, avec son sac rouge de trois ou quatre kilos, je m'aperçois qu'il me rappelle mon père.

Il aurait eu le même âge, presque la même taille, les mêmes lunettes. Cette image de Victor, c'est comme une fin de film, une personne qui va plus vers sa fin que vers une nouvelle aventure. Mais, il y en aura d'autres et peut-être le reverrai-je dans quelques années s'il peut avoir son visa de six mois, si sa maladie le permet et s'il a encore la force physique !

Décollage vers minuit, ne pas dormir tout de suite pour avoir le repas, arrivée six heures plus tard puis le taxi car c'est plus simple malgré le fait qu'en train, il ne paye pas grand-chose en étant à la retraite.

De retour, son bungalow est occupé par un jeune qui a fait connaissance avec le vendeur de peintures. Il y a plein de toiles étalées. Le jeune partira le lendemain. Je croise Pascal, le français spirituel avec qui je discute juste avant le coucher du soleil. Nous échangeons sur les trois questions essentielles : d'où est-ce que je viens, qui je suis et où je vais.

Nous sommes d'accord sur le fait que pour aimer les autres, il faut s'aimer soi-même. On ne part pas seulement avec notre histoire mais l'histoire de nos parents, de notre famille, de nos ancêtres.

Dans cet environnement, je me rends compte que l'environnement de Bali est de l’énergie positive mais surtout que c'est aussi ce que je donne - sans m'en rendre compte - et que je reçois, naturellement.

Quelques mois après, Victor est revenu mais a dû repartir en Australie vu son état de santé dégradé. Je ne le reverrai plus.

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