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LASTDAYS

Deux souvenirs d'Hervé Guibert

20 Mars 2014 Publié dans #Jérôme Garcin

Chacun dans un livre, Philippe Mezescaze et Yvonne Baby évoquent l'auteur d'"A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie", cet initiateur de l'autofiction.

La première fois qu'ils l'ont vu, à dix ans de distance, ils ont pareillement été frappés, subjugués, par sa beauté angélique. «C'est la blancheur de son visage qui m'a attiré», écrit Philippe Mezescaze dans «Deux Garçons» (Mercure de France, 13,80 euros). Il avait «un sourire astral d'une insolite douceur, sous un front bouclé», écrit Yvonne Baby dans «A l'encre bleu nuit» (Baker Street, 18 euros).

Mort du sida en 1991, Hervé Guibert, l'auteur d'«A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie» continue de hanter les esprits, d'inspirer l'autofiction qu'il a initiée. Ceux qui l'ont aimé n'en finissent pas de vouloir se souvenir de lui.

Il avait 14 ans lorsque Philippe Mezescaze, «éphèbe transi» de trois ans son aîné, est tombé amoureux de lui. C'était à La Rochelle, dans un cours de théâtre. Relire, de Guibert, «Mes parents». Sur scène, dans la pièce de Camus, l'un était Scipion et l'autre, Caligula. En coulisses, leur passion était tellurique, exclusive.

En ville, les adolescents devaient affronter l'hostilité jalouse, voire haineuse, du père d'Hervé, et l'antipathie instinctive de la grand-mère de Philippe. Plus tard, Paris allait séparer les amants juvéniles. Mais c'est au présent, un présent d'une intensité brûlante, que Mezescaze relate, quarante-cinq ans plus tard, cette histoire qui l'a marqué à vie.

C'est également au présent, le temps de l'éternité, qu'Yvonne Baby raconte comment elle proposa à Hervé Guibert d'écrire dans les pages culturelles du «Monde», qu'elle dirigeait. Comment peu à peu il entra dans sa vie, devint l'ami de ses fils, lui écrivit de l'île d'Elbe des lettres magnifiques. Et comment il est parti, «pareil aux rois gisants de la basilique de Saint-Denis ou à un saint en pierre», soudain «étranger à la mort qui le hantait».

Hasard de l'édition qui réunit ces deux livres frères où l'on voit un lycéen naître à l'amour et un jeune homme disparaître à 36 ans. Un ange passe.

Dans "Deux Garçons", Philippe Mezescaze se souvient d'Hervé Guibert (Mercure de France, 13,80 euros). (©Mercure de France)

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